Histoire de...

Histoire de...

Elleana

Voici un roman parmis tant d'autres que j' écris...

 

Chapitre 1:   
     
Laisse tomber la neige, on fera les boules demain

 

 

 

- Elle a disparu.

- Disparu ?

- Oui, disparu.

- Disparu comment ?

- Ben, comme ça, « pouf !»

- « Pouf » ?

- Oui, « pouf ».

- Mmmh. Intéressant. Fin de la séance.

                 

Dans la voiture, maman demande :

- Alors ?

- Alors quoi ?

- C' était comment ?

- Comme la dernière fois.

- Et c' était comment la dernière fois ?

- Elle me prend pour une tarée.

- C' est peut être ce que tu es.

- Sans doute.

Bon, j' avoue, je n'y met pas vraimentde la bonne volonté. Mais bon, une psy, franchement ! Mes parents on décrété que lorsqu'on est ado, une psy est nécessaire. Faux,archi faux ! Comme je suis indignée que mes propres parents me traitent de la sorte, je lui raconte n' importe quoi, et elle ne dit rien. Je me demande si elle écoute vraiment. Ma vie est déprimante.
Par exemple :

1) J' ai des parents.

2) Mes parents sont totalementincompréhensifs envers moi

3) J' ai une tronche de macaque. Bon OK, rectification : J' ai un nez de macaque.

4) Il se trouve que mon nez est en plein milieu de mon visage, ce qui est assez gênant. (impossible de le cacher )

5) J' ai 2 frères : un grand et un
petit.

6) Mes 2 frères habitent dans la même maison que moi.  

7) Ils sont insupportables ( bon, j'exagère, mais il faut bien que je dramatise un peu )

8) Heu... je sais pas encore mais j' y réfléchirais.

 

                                           **************

 

  - Elleana ! Peut-tu
répéter ce que je viens de dire ?

Zut. Repérée.

- Euh, non, madame.

- Donne moi ton carnet,
tu es renvoyée. Je t' avais prévenue.

Crotte. Crotte de Crotte.
Je suis foutue. Je prends mon sac et range mes affaires ( en prenant mon temps pour faire enrager ce gros sac à patates ! Nan mais ! )Pfff... Vive la vie. Dans le bureau du principal, je m' installe sur la chaise ( sans exagérer, la plus inconfortable du monde ) en face du SUPERBE fauteuil de M. Breuteuil. Après un certain temps àfouiller dans ses papiers, il daigne m' accorder un regard derrièreses lunettes crasseuses ( Yeurk ).

- Alors, Costa*, Qu' avez vous à me dire ? 

Que vous êtes moche, que
vous puez, et que vous me répugnez. Ah si seulement je pouvais direça... Mais je me contente de répondre :

- Moi, rien. Mais Mm Frossard...                                                          
                                                      

Je lui tends le carnet en soupirant. Il lit à voix haute :

- «Elleana n' est pas attentive en cours. Depuis quelques semaines, elle
rêve et ne fait plus ses devoirs. Cela doit changer. »

Jeune fille, nous en avions déjà parlé. Tu devais faire des efforts. Renvoyée 6 fois en une semaine, c' est excessif ! Tu feras signer ce mot à tes parents. Je vérifierai demain.

 

Malheur ! Creusez un trou, que je me jette dedans ! Après une heure de sermon, je sors du bureau.                       Espèce de dindon, va ! ( rassurez-vous, il le mérite )

 

- Ellie !

 

Je me retourne.

 

- Fannie !

 

Je m' exclame. C' est ma meilleure amie. Elle accourt vers moi :

 

- Alors ? Pas trop saquée par le directeur ?

 

Je grimace.

 

- Mot à faire signer par mes parents + punition par madame Frossard.

 

- Aïe... Tes parents vont faire une crise cardiaque.

 

- Ou pire. 

 

Fannie est trop belle. Elle a des grand yeux marrons clair et de long cheveux blonds frisés. Le tout complété d' un superbe sourire qui fait craquer les garçons. Arglh. J' ai les cheveux châtains mi-long et les yeux bleus doublé d' un gros pif. Pfff... La vie est injuste.

 

*Ah oui parce que j' ai oublié de vous dire quelque chose. Ce mec appelle les élèves par leur nom de famille. Complètement taré. Il a du rater une génération, je vous dis.

 

 

Je rentre chez moi à pied. J'habite pas très loin de mon collège. Quand je pense qu' il va falloir que je montre mon carnet à mes parents... Aïe. Quand j' arrive, ma mère cuisine.

 

- Euh... Maman, j' ai quelque chose à te faire signer, dis-je d' une voix timide.

 

- Ha non ! Pas encore !

 

- Il faut croire que si...

 

- Tu avais promis de faire des efforts ! Tu es trop dans la lune !

 

Elle se retourne et me regarde férocement. J' ai la nette impression qu' elle meurt d' envie de m' arracher la tête, la mettre sur un totem et danser la danse de la joie autour. En imaginant ma mère dans une situation pareille, je m' empêche d' éclater de rire.

 

- Ça te fait rire ?

 

- Nan, nan.

 

- Tu es privée de sortie pendant ce week-end. Et encore je suis sympa.

 

Ce week-end ?! Impossible ! J' ai la fête de Lydia la peste samedi ( évidement, si je tiens à venir, c' est uniquement parce qu'elle a invité Julien, surnommé MBG – méga beau gosse -. Ben oui, vous me prenez pour qui ? ) ! Cette fille est une giga pourrie gâtée. Je la déteste, surtout depuis qu' elle s' est mis en tête de séduire MBG. Bref, il faut absolument que j' aille à cette fête !

 

- Mais... Et samedi ? Chez Lydia ? T'avais dis oui...

 

- Ça te servira de leçon.

 

- Mais...

 

- Pas de mais qui tienne ! C' est ta punition.

 

Je cours dans ma chambre et claque la porte. Nan mais ! Je m' avachis sur mon lit avec la certitude que quoi qu'il arrive, j' irais demain à cette foutu boom, c' est décidé. Toc,Toc !

 

- N' entrez pas ! Je crie.

 

La tête de Jérémy apparaît. Filou (mon cher chat cinglé) en profite pour pénétrer dans ma chambre, sans aucune gêne. Il arrive, fier comme un paon, la queue haute et le regard méprisant. Jérémy est mon petit frère. Il a  7 ans, et se croit tout permis parce qu'il est le plus petit. D'ailleurs, il revient à la charge :

 

- Tu me prêtes ton Ipod ?

 

- Non.

 

- Allez, arrête de bouder !

 

- J' ai dis non.

 

- Pff, t' es pas cool !

 

Ouf, il est enfin partit. Ce qu' il peut être empoisonnant ! Filou saute sur mes genoux avec un air hautement supérieur. D' un seul regard, il semble me dire : caresse-moi, esclave. Tu n' es là que pour me servir. Et moi, j’obéis à ce psychopathe.  

 

 

 


- Je pense que c' est un plan parfaitement démoniaque.

Je viens d' exposer mon idée à Fannie. Le plan consiste à simplement sortir par la fenêtre, comme dans les films. Elle est d'accord, mais il y a juste un problème : ma chambre est au 2ème étage. Notre solution miracle ? Une échelle. L' opération commence à 9h, l'heure de l' extinction des feux (chez moi). Je raccroche, ravie. Tout est au point ! Youpi, la vie est géniale ! Enfin, presque. Il me reste un problème existentiel à régler : qu' est ce que  je vais mettre ??

 

*Quelques essayages plus tard*

 

Ma chambre est dans un bazar monumental, mais je m'en fiche : j'ai trouvé LA tenue parfaite ! Je me tord le cou devant la glace pour regarder à quel point ce short en jean me fait des fesses d' enfer. Je l' ai déniché tout au fond de mon placard, et j'en suis fière ! Avec mon débardeur noir, ça fait super classe ! Je             met également du mascara, de l'eye-liner, et un peu de gloss. Alerte rouge ! Quelqu'un arrive dans les escaliers ! Je me précipite dans mon lit. Toc, toc, toc !

 

- Je peux entrer ? 

 

- Mouaii, Je marmonne. C' est Fred, mon grand frère. Il a 16 ans. Lui, il fait craquer toutes les filles. Il a les yeux bleus et les cheveux châtains, comme moi, contrairement à Jérem (surnom de Jérémy) qui à une belle touffe blonde et les yeux marrons-verts. 

 

- Ouf ! C' est toi ! J' ai cru que c' était les parents ! Au fait, j'ai un petit service à te demander... Je vais à une fête, et…

 

- T' es pas privée de sortie, par hasard ?

 

- Si, justement... Je pars discretos...

 

- Et tu veux que je t' emmène et te ramène en scooter, c' est ça ?

 

- Ben... Oui.

 

- Oulla, ça fait deux gros services, ça.

 

- Comment ça, deux services ?

 

- Bah, ne rien dire aux parents plus faire le chauffeur... Ça va te coûter cher !

 

Il me regarde malicieusement. J' en était sure... Il reprend :

 

- Tu prends mon tour de crottes pendant deux semaines. C' est à prendre ou à laisser.

 

Je grimace. La corvée de crottes consiste à nettoyer la litière du chat. Mais comme ce chat agité du bocal adore faire à CÔTÉ de sa litière... Je le déteste. Il aime aussi énormément trouver un endroit improbable pour faire ses besoins.... Donc ça pue dans toute la maison jusqu'à ce que celui de corvée de crottes, guidé par l'odeur épouvantable, déniche l’excrément. C'est vraiment LA pire des corvées. Jamais je n'aurais dût supplier mes parents d' adopter un chat. Jamais. Je soupire.

 

- Bon, c' est O.K.

 

Il me fait un grand sourire sadique. Il est fier de lui en plus ! Mon propre frère me fait du chantage, c' est terriblement honteux. Lorsque tout le monde est couché, excepté mes parents, je me précipite à la fenêtre et prononce le mot de passe :

 

- Pssst ! La Reine d' Angleterre porte des slips à rayures !

 

Fannie jaillit des fourrés.

 

- T'en as mis du temps !

 

- Sorry, mes cinglés de parents ne se sont pas endormis comme prévu ! Il ont décidé de danser comme au bon vieux temps préhistorique dans le salon... Je crois que je vais me faire adopter.

 

- Allez, grouille !

 

Je fourre des vêtements en vrac sous ma couette pour faire croire que je suis là. Technique très classique, certes, mais mes parents sont du genre à tomber dans le panneaux après quelques danses enivrées... Je galère à descendre l' échelle avec mes talons de 5cm. Saleté de chaussures ! On se baisse devant la véranda pour ne pas se faire repérer. Arrivées dans la rue, on s'observe, pour voir les habits l'une de l'autre. Elle est trop belle dans sa petite jupe bleue et son top marron. Sans parler de ses cheveux épais détachés qui ondulent sur ses épaules.

 

- Waouh, t' es superbe Fannie !

 

- Merci, toi aussi !

 

Il faut que je songe à lui acheter des lunettes. En attendant, je cours dire bonjour à Martin, son petit copain. C'est un garçon grand, les cheveux noirs, les yeux marron très foncés, très sympathique mais assez réservé. Presque timide. Il a redoublé sa 4ème cette année. Il me sourit et me demande si ça va.

 

- Si j' étais une fille qui adorait descendre des échelles en talons et tacher ses vêtements dans la boue du jardin,  j' irais à merveille. Hélas, ce n' est pas le cas. Et toi ?

 

Il me regarde, l'air absent. Tout cela est trop compliqué pour lui. Il se contente de marmonner un oui hasardeux. Mon frère arrive avec son scooter. Pff, il se la pète. Il dit bonjour à tout le monde. Je monte derrière lui et enfile le casque, et Fannie fait de même sur celui de Martin. On est partit. Dix minutes plus tard, on est devant chez Lydia.     

 

- Fred, je t'appelle quand tu viens me chercher, ok ?

 

- Pas de problème, ma chère sœur. 

 

Je souris intérieurement en remarquant que Martin à l'air préoccupé. Il est sûrement encore en train de réfléchir à ce que je lui ai dis... Fred s' en va, et le petit ami de Fannie se gare. Même de là, on peut sentir la sueur des danseurs dans la maison... Bon, j' exagère, mais on entend la musique. On sonne. Lydia en personne viens nous ouvrir. Elle nous hurle dans les oreilles :

 

- Salut ! Comment ça va ?  

 

- Bien !

 

Elle nous fait entrer. Il y a pratiquement tout le collège ! J'aperçois Sallie et quelques membres de mon Gang des Folles. Où est MBG ? Je le cherche en vain. Ah, là, tout au fond ! Il danse accompagné de Typhanie qui se déhanche de façon ridicule dans sa mini-jupe et son décolleté vertigineux. Quelle exhibitionniste, celle-là ! Lui ne l' entend pas de cette oreille. Il a l'air ravi. Il me dégoûte. Ok, Typhanie est belle, mais outrageusement maquillée ! Et ses vêtements, je suis sûre qu' elle s' est trompée. Elle a dût se pointer dans une animalerie et dévaliser le rayon chihuahua. Julien, d' un geste sûr, pose sa main sur ses fesses de poupée Barbie. Beurk, je vais vomir !

 

- Ellie, ça va ?

 

C' est Fannie. Je lui jette un regard navré en lui montrant ce spectacle atroce. Elle a l'air désolée. Elle me crie :

 

- T' inquiète pas, il ne te mérite pas. Et puis, il y a plein d' autres mecs, éclate toi !

 

Facile à dire. Elle, elle a déjà un petit ami ! Je repère une chaise et me dirige tant bien que mal vers elle. Au moment où je l’atteins, un jean me pique ma place. Je lève les yeux... Un garçon. Je ne le connais pas. Je proteste :

 

- Eh, tu m'a piqué ma place !

 

- Va ailleurs, alors.

 

Je l' observe. Il doit avoir mon âge, 13 ans. Il est ni trop grand, ni trop petit. Il a des cheveux très blonds et les yeux très verts. Il a l'air en colère. Ou plutôt grognon. Il fronce les sourcils et croise les bras.

 

- Tu veux ma photo ?

 

Bougonne t-il.

 

- Ah, c' est bon, pas la peine de m' agresser.

 

Je me laisse tomber sur un siège à côté de lui. Au bout d' un moment, je demande :

 

- T' es fâché ?

 

Il me regarde, exaspéré :

 

- Non, tout va pour le mieux, ça se voit, non ?

 

Silence. Je reviens à la charge :

 

- Pourquoi ?

 

Il soupire :

 

- On ne t'a jamais dit que tu était empoisonnante ?

 

- Si, très souvent. Mais puisque tu le prends comme ça...

 

Silence.

 

- Moi aussi je suis énervée. Et c' est pas pour autant que je suis méchante ! Pourtant j' ai de bonnes raisons de péter un câble... Je serais contente si quelqu'un s' intéressait à moi, là...

 

Aucune réponse. J' abandonne. Ce garçon est incurable. Après un grand silence, il déclare :

 

- Désolé... Mais c' est juste que... Ma petite amie viens de casser pour aller avec mon meilleur ami...

 

Grand silence. Je suis hyper gênée. Que dire ?

 

- Ah... Désolé, je savais pas... Moi, je viens de voir le mec que j'aime se déhancher avec une fille qui raffole du gloss à la fraise et qui porte les mêmes vêtements que le chihuahua de ma grand-mère !

 

Il éclate de rire. Je suis fière de moi, même si ce n' était pas mon objectif premier.

 

- T' es trop marrante !

 

Trop marrante ? Jamais on ne m'a fait ce compliment. Trop moche, trop bête, oui... Mais trop marrante ? Trop ? Je dois le prendre bien ou pas ? Il me sourit. Oui, je le prend bien. Très bien , même. Je lui rends son sourire. Une silhouette s' approche :

 

- Tu danses ?

 

Je lève les yeux. C' est Pierre. Je soupire. Comment ai-je pût espérer une seule seconde que ce soit

 

MBG ?

 

- C' est destiné à moi ou au garçon à côté ?

 

Il me regarde bizarrement tandis que mon nouvel ami se marre.

 

- Mais non, je plaisante !

 

Perdu, il reviens au sujet :

 

- Alors ?

 

- Ben... Oh et puis, si tu veux. Je reviens !

 

Lance-je en direction de... Comment s'appelle-t-il, au fait ?

 

- Au fait, comment tu t'appelles ?

 

- Jules.

 

Fait-il avec un sourire.

 

- Moi, mes parents ont eu la mauvaise idée de m’appeler Elleana. Appelle-moi Ellie !

 

Pierre s' impatiente. Je le suit dans la foule en lançant un dernier regard à Jules. Á ce moment, la chanson finit. Ce traître de DJ décide de mettre un slow. Oh, malheur... Pierre est un garçon... Comment dire ? Très très relou en fait... Gentil, mais relou. Je danse avec lui. Il descend ses mains sur mes fesses. Je lui demande gentiment de les remonter. Ce qu'il fait, puis il recommence. Nan mais c' est pas possible ! Quel récidiviste ! Je lui demande moins gentiment, cette fois. Les 3 minutes 42 que dure cette chanson sont insupportables. Ouf, c' est terminé. Je m'arrache des bras de Pierre qui pue la transpiration et cherche Jules des yeux. Il est toujours là, sur sa chaise. Je m' effondre à côté de lui en soupirant. Il a les yeux rieurs.

 

- Comment c' était ?

 

- Terrible. Plus jamais je ne commettrais cette erreur fatale. Mais bon, je pourrais au moins dire que j'ai dansé.

 

- Haha, oui, avec des mains baladeuses !

 

- Ah ? Tu as vu alors... Qu'es-ce qu'il est lourd !

 

Il me regarde et il rigole. On est pris d'un fou rire. Je pense qu'on avait vraiment besoin de rire, en fait. Je ne peux plus m'arrêter. Au bout d'un moment, entre deux hoquets, je demande :

 

- Pourquoi on rigolait, au juste ?

 

Et c' est repartit. Lorsqu'on se remet de nos émotions, il propose :

 

- On va dehors ? C' est énervant de hurler au lieu de parler.

 

- Si tu veux.

 

Je le suis parmi les danseurs. On est dehors. Ouf ! Ça fait du bien au oreilles ! Un peu plus et les miennes se transformaient en chou-fleur ! Par moment, quand on se regarde, on est de nouveau secoués d'un rire nerveux. On s'assoit sur le banc du jardin, devant la fontaine. C'est moi qui parle la première :

 

- T'es pas dans mon collège ?

 

- Nan, mais j'habite dans le coin. Je suis au privé.

 

- Pourquoi t'es là alors ?

 

- Ben... J'étais le petit ami d'Annie.

 

Annie ? Elle fait partie de ma bande. C'est une fille sympa. Pourquoi je ne l'ai pas remarqué avant qu'elle avait un petit ami ?

 

- Annie est une de mes amies... Pourquoi t'es dans le privé ?

 

- Je suis... Comment dire... Insupportable.

 

Lui, insupportable ? Adorable oui ! Il reprend :

 

- Enfin, avec ma mère et mes professeurs...

 

- Pourquoi ?

 

- J'ai pas envie d'en parler.

 

Fannie et Martin arrivent. Fannie est toute essoufflée d'avoir dansé comme une folle.

 

- Alors, vous venez pas danser ?

 

On se laisse attirer par ma meilleure amie qui nous traîne sur la piste de danse. Ne sachant pas quoi faire, on décide de... danser.

 

Pff, j'en peux plus ! J'ai les pieds en compote ! C' est la fin, tout le monde commence à partir. Jules s' est volatilisé, je ne le trouve plus. Ah ! Il est là ! Apparemment, il n'aime pas trop danser. Je me dirige vers lui. En fait, nous avons sellé un pacte tout à l'heure : Je ferais en sorte de louanger Jules au yeux d' Annie pour qu'elle se remette avec lui, et de son côté, il parlera de moi à Julien ( MBG ). Je sais que ça en servira pas à grand chose, mais j'aimerais l'aider. Je lui dis au revoir et à bientôt, j' espère.

 

Une fois dehors avec Fannie et Martin, j'appelle mon frère.

 

- J'arrive, répond-t-il. Puis il me raccroche au nez. Pfff. Pfff, Pfff et triple Pfff. Il est insupportable !

 

- Allez-y, je rentre avec mon frère.

 

Leur dis-je. Fannie m' embrasse. Je fais la bise à Martin.

 

- À lundi !

 

Me dit-elle. Je regarde le scooter s' éloigner. Wouah, je me sens seule tout à coup.

 

- Elleana ?

 

Je me retourne, prête à voir Pierre dans toute sa splendeur, mais surprise ! C'est MBG !! Je pique un fard. Oh mon dieu, je dois ressembler en tout point à Bobby, mon poisson rouge ! La bouche grande ouverte et rouge des pieds à la tête... Bientôt il va me pousser des nageoires. Il ne me reste plus qu'à rejoindre Bobby dans son aquarium... Remarque, c' est cool, la vie d'un poisson rouge. Le temps de faire le tour du bocal, on a tout oublié. Ça me ferais oublier le déhanché de Typhanie... Je veux être un poisson rouge. C' est décidé, je m'y met dès demain.

 

- Ça va ?

 

Perdue dans ma réflexion sur les poissons rouges, j'ai presque oublié qu'il était là, celui là.

 

- Euh... Oui.

 

- Je t'ai pas vue de la soirée, t'étais où ?

 

Forcément que tu ne m'a pas vue, andouille. Tu n'as pas décroché le regard du décolleté de Barbie girl en personne.

 

- Ben... J' étais là.

 

C' est définitif, il me prend pour une cinglée.

 

- Ah bon.

 

- Sinon, la consistance des fesses de Typhanie te plaît ?

 

Oh, non. Voilà que je dis n'importe quoi. C'est une calamité. Il ne sais plus quoi répondre. Face à une folle comme moi, c'est normal. Quelle idiote tu es, Ellie ! Tu as tout gâché ! Nom d'une chouette à houppette ! Soudain, il pose sa main sur mon épaule. Ça veut dire quoi, cette main ? J'ai l'impression qu'il va dire quelque chose quand vroum ! Mon frère arrive. Il se gare avec classe, et, sans accorder un regard à MBG, il m'ordonne :

 

- Monte.

 

Il me lance mon casque. Je suis contrainte d' obéir. Juste avant de repartir, il fixe Julien droit dans les yeux ( qui était figé sur place, tout penaud ) et déclare :

 

- Toi, tu touches pas à ma sœur, compris ?

 

Et dans un nuage de pollution, il laisse MBG en plan dans un indécision
la plus totale. Rahhhh ! Je le déteste ! J'ai beau lui taper dessus, c' est à peine si l'intensité lui est égale à celle de la pichenette d' une fourmis. Sous son casque, il est mort de rire. Il s' esclaffe :

 

- Comment je lui ai foutu les chocottes ! Haha, les trouillomètres à zéro, le mec !

 

- T' es malade ou quoi ?! Qu'es-ce qui t'a pris ?!

 

Pour toute réponse, il se marre de plus belle. Lorsqu'on arrive à la maison, il a enfin repris son sérieux.

 

- Ce mec est un naze, et je veux pas que tu finisse avec lui.

 

- Ben t'as tout fichu en l'air, t'es content ?

 

- Assez, oui.

 

Rétorque-t-il avec un grand sourire. Quelle tête à claques !

 

 

- Debout ma chérie ! C'est l'heure de se lever !

C' est ma mère, de bonne humeur, comme toujours. Je me méfie. Nous n'avons pas la même conception du mot grasse matinée. Elle ouvre en grand les rideaux.

 

- Mmmmhhh il est quelle heure ?

 

- Déjà tard ! Je t'ai laissé dormir un peu.

 

- Mais quelle heure ?

 

- Huit heures et demi, ma choupinette.

 

Arglh. Va pourrir en enfer, mère indigne ! C'est pas une vie, franchement. Bien décidée à finir ma nuit, je m'enfouit sous ma couverture. Nan mais sérieusement, huit heures ! Elle s'assoit sur mon lit.

 

- Allez...

 

- Mmmmhhhhhh.

 

- Plus de déjeuner après neuf heures !

 

- Maman, je te ferais remarquer qu'on est dimanche !

 

- Et alors ?

 

Je renonce. Il faut que je songe à appeler ''allô, enfance en danger ''. C'est ma seule chance d'être placée en famille d' accueil. Ma mère sort de ma chambre en me laçant joyeusement :

 

- Dépêche-toi, on va aller faire une randonnée !

 

Ce qui a le don de m' exaspérer. Journée pourrie. Résumons ma situation :

 

* MBG me prend sans aucun doute pour la dernière des idiotes.

* Mon frère a gâché la belle histoire d'amour qui aurait pût arriver entre MBG et moi.

* Je suis de corvée de crottes pendant 2 semaines.

* Je dois me réveiller maintenant, sans quoi mon déjeuner sera compromis.

* J' ai une randonnée en perspective.

 

Pas de quoi danser la macarena en slip. Je ferais bien de dénicher rapidement un tabouret et une corde, histoire de mettre fin à mes jours. Bonne idée. Mais pour ce faire, il faut indéniablement que je me lève. Allez, on bouge son gros popotin, car si la journée promet d' être désastreuse, autant ne pas la commencer à jeun. Réunissant toutes mes forces, je parviens jusqu'à la cuisine affublée de mon pyjama tellement sexy qu'il ferais s' évanouir d'horreur la plus moche des loutres. Ne me demandez pas quel est le rapport, je n'en sais rien. Bref, je suis en mode zombie et j'arpente les placard à la recherche de quelque chose de mangeable. Ma mère est anti-nutella. J'ai beau lui répéter que ses choix débiles ne concernent pas sa pauvre famille, elle ne veux rien entendre. J'entre dans la salle à manger armée de mon bol de lait chaud et de la confiture de framboise. Mon grand frère et mon père sont en train de dévorer ce qu'il reste de pain. Parfait, comme ça j'aurai un prétexte pour sortir le pain brioché !

 

- 'Jour.

 

Pas de réponse. Comme d'habitude.

 

- Où sont les autres membres de cette famille tarée ?

 

Mon père lève le nez de sa tasse de café :

 

- En train de se préparer pour faire une randonnée.

 

- Je me demande pourquoi maman aime tant les randonnées. Nous sommes en ville ! C' est vraiment pas pratique de faire des kilomètres avant d' arriver à un sentier en terre battue qui pue la bouse de vache !

 

- Je suppose qu'elle trouve ça rafraîchissant.

 

- Elle trouve tout rafraîchissant. Pouvez-vous me passer le beurre, je vous prie ?

 

Mon frère me toise.

 

- Tu parles à qui ?

 

- À l'être primitif qui se trouve en face de moi.

 

- Très drôle.

 

- Ce n'était pas censé l' être.

 

Il soupire et consent à m'engraisser en me passant le beurre.

 

- Merci, être ingrat.

 

Il lève les yeux au ciel. Maman arrive, tout guillerette :

 

- Alors, vous venez ?

 

- Ben... C'est que... J'ai du boulot, et...

 

Bafouille Papa. La belle excuse ! La réponse de Fred ne se fait pas attendre.

 

- Je dois aider Bob à décorer la salle pour l' anniversaire de Marine.

 

Pff. Il va falloir que je trouve un truc. Elle soupire et se tourne vers moi en souriant :

 

- Et toi, ma choupinette ?

 

Je détache les yeux de ma tartine pour la regarder d'un air dégagé :

 

- Vous croyez bien que j'en serais ravie, mais je ne puis me le permettre.

 

Froncement de sourcils de l' ennemi.

 

- Et pourquoi ça ?

 

J’entreprends d'étaler un maximum de confiture sur mon bout de pain, et déclare :

 

- Ma religion me l'interdit.

 

Mon père avale de travers et mon frère s'étouffe avec ses céréales tellement ils rigolent. Moi, je fais comme si de rien était et me concentre sur ma tartine. Maman est furieuse.

 

- Ah, ça vous fait rire ? Elleana ! C'est quoi cette idiotie ?

 

Ben il a pas fait long feu, le ''choupinette''.

 

- Ce n'est en aucun cas une idiotie. Les pratiquants de ma religion trouvent les randonnées immorales et contraires à leurs principes. Navrée.

 

Je n'aurais peut-être pas dû en rajouter une couche. Elle a l'air terriblement vexée. Elle s' écrie :

 

- Tant pis ! Moi et Jérémy, on la fera sans vous, cette randonnée !

 

Et elle s' éloigne à grands pas. Fred se lève et me tape l'épaule :

 

- Bien joué, camarade !

 

- De rien, mon cher. Ce fut un plaisir.

 

À la fin de copieux repas, je me traîne jusqu'à ma chambre, le bide satisfait. Maman et Jérem ne rentrerons que ce soir. Papa travaille, et Fred va passer la journée en scooter à faire des yeux de merlan frit à Véroniqua. Enfin bon, hier, c'était Martine... Il change très souvent. Alors pour retenir les prénoms, je te dis pas...Bref, je suis TRANQUILLE ! C'est cool. Je passe une grande partie de ma journée à glander. Jusqu'au moment où mon père me donne l'aspirateur et me dit de ranger ma chambre... Saperlipopette. Je m' exécute, sachant qu'il est impossible de discuter car ma chambre est dans un sale état. Sale état est un mot faible pour désigner ce champs de bataille. Je chante à tue-tête en passant l'aspirateur. Quoi, vous ne le faites pas vous ? Moi je chante sous la douche, aussi...Oui, je sais, je suis une déséquilibrée. La journée se passe normalement – mis à part la chasse aux crottes, car je découvre une crotte dans le lavabo – et le soir arrive vite ( note : penser à tuer le chat ). Au dîner, je suis en face de Jérémy. C'est terrifiant. Il s'en met partout, et prend ses couverts comme avions à réaction dans ses petits pois. Tranquillement, je déclare :

 

- Il faudrait penser à le faire soigner, non ?

 

La riposte ne tarde pas :

 

- Toi même, crotte de nez à roulettes !

 

On se taquine très souvent. Maman s' exclame :

 

- Ellie, enfin ! Sois gentille avec ton frère !

 

- C' est bon, je rigole... Crotte de nez à roulettes ? Quelle insulte, je suis profondément touchée.

 

Jérém rigole :

 

- Attend, j'en ai une encore mieux : Popo de chameau !

 

- Quelle créativité ! Dis donc, tu ne serais pas un peu axé sur les caca-pipi-prout en ce moment ?

 

Maman réagit :

 

- Les enfants, on est a table !

 

- Et alors ?

 

Je crois qu'elle frise la dépression nerveuse. D'un seul regard, elle semble me dire : '' tais-toi sinon je te met dans un sac avec des cotons-tige dans le nez et je te jette à la mer ''. Violent. Mieux vaut battre en retraite.

 

Bip, Bip. Bip, Bip. Je hais mon réveil. J' ai fait un rêve bizarre. J' était un poisson rouge en pyjama terriblement sexy et Julien me suppliait de l' épouser. Comme cadeau de mariage, ma mère nous offrais du nutella et Jérémy de la crotte de chameau. Charmant. Si c'est ça mon avenir, autant mourir maintenant. Je me lève avec peine. Il est 7h. Normal, le lundi j'ai cours ! Arglh. Comme d'habitude, Fannie – qui habite pas très loin – m'attend devant ma maison. Je la rejoins après un petit-déjeuner de compet'. Sur le chemin, je lui narre mes aventures.

 

- Mon frère est un gros naze.

 

- Oui, mais qu'es ce qu'il est beau !

 

- Oh non, tu ne vas pas t'y mettre toi aussi !

 

- T'inquiète... Moi, j'ai Martin.

 

- Si je croise MBG, il me sera impossible de le regarder en face...

 

- Oui bon ça change pas trop de d'habitude, quoi.

 

J'abandonne l'idée de la foudroyer du regard, et soupire :

 

- Ça se voit tant que ça ?

 

- Comme le nez au milieu du visage.

 

Ça dépend quel nez. Si c' est le mien, je suis foutue. Le mien, je ne peux pas me permettre d' appeler ça un nez. Non, je dirais plutôt une patate difforme. Fannie affirme que mon nez est normal. Je ne la crois pas. C' est facile de dire à un thon : Meuh non, tu es superbe ! Surtout quand son propre nez est parfaitement droit et de la bonne taille. Pour comble de malheurs, j'ai depuis ce matin une pustule monstrueuse en dessous de ma patate, à gauche. La vie est merveilleuse. Bien sûr, je suis extrêmement ironique. Voyons la vie au positif. Arrivée au collège, je cherche les filles de ma classe. Déjà, il y a Sallie. Elle est grande, blonde foncé et porte des lunettes. Ensuite, Julie. Elle est rousse. Après,   Rachelle et Camille ( l'une est brune avec la peau mate et l'autre châtain clair ). Il y a Victoire l'Endive, mais on ne l'aime pas et c'est réciproque. La fameuse Annie et enfin, il y a Fannie et moi. En fait, il faut que j'organise quelque chose... A la récré, je convoque tout le monde à une réunion générale dans les toilettes des filles.

 

- Alors, j'ai beaucoup réfléchis - parce que ça m'arrive des fois - ( quelques rires fusent ), et j'ai une idée pour faire un bonne blague à M. Soupaulit. Voilà ce que je vous propose...

 

Je leur explique, et elles sont ravies. Sauf l'Endive, à qui je n'ai pas demandé car elle refuse toujours de participer. Une vraie lèche-bottes ! M. Soupaulit est notre prof de maths. L' objectif de nos réunions : faire enrager les profs ! C'est très divertissant. Le directeur déteste toute ma bande pour ça. On adore ! Mais nos parents, moins... En maths, il y a contrôle. On s' installe en se jetant des sourires complices... À la fin de l' heure, je me précipite vers elles. Toutes m'assurent qu'elles l'ont fait. Parfait... Ça va être marrant... Mouahahaha  ( rire démoniaque ) ! Je me marre d'avance... Tout à l'heure, on a une deuxième heure de maths... Le prof aura corrigé les copies pendant la pause de midi. Dans la cour, j'aperçois MBG en compagnie de sa chère Typhanie, sur qui je ne ferais aucun commentaire. No comment. Je passe avec ma bande à côté de lui, et je fais comme si il n'existait pas.  En m’apercevant, son copain Tom m'attrape au vol.

 

- Eh ! Elleana !

 

Zut et crotte de saperlipopette ! Il reprend :

 

- Je peux te parler ?

 

Je lâche un grand soupir et répond :

 

- Bah vas-y.

 

Tom jette un regard nerveux à mes amies.

 

- En privé.

 

Deuxième soupir exaspéré de ma part. Je m' éloigne un peu du groupe :

 

- Là ça va ?

 

- Oui. Alors, Julien voudrait te parler, mais vu que ton frère...

 

Oh. C'est donc ça. Pff, quel trouillou, celui là ! Il a même pas les tripes de venir me parler de peur que mon frère pète un câble ! Bon, c'est vrai que Fred est un peu intimidant, mais bon... Si il m'aime, il viendra me voir quand même. Bon, ok, je regrette ce que j'ai dis. Parce que si c'est le cas, je peux toujours chanter « un jour, mon prince viendraaa... Un jour, il m'épouseraaaaa... » au sommet de mon donjon en cristal, j'aurais largement le temps de ne plus avoir de voix étant donné le fait qu'il ne viendra pas, trop occupé à reluquer les fesses de Typhanie dite '' la femme chihuahua ''. Que faire ?

 

- Il a qu'a parler avec Typhanie. Elle au moins, elle n'a pas de frère !

 

Et je le plante là. En fait, je crois que je suis jalouse à mort. Jalouse d'une poupée Barbie... Ça craint. Mais pourquoi diable j'ai dis ça ? Plus jamais MBG ne voudra m'adresser la parole ! Pourquoi, Dieu, m'avez vous affublée d'un cerveau aussi riquiqui et creux qu'un gland ? La vie est cruelle. On dira ce qu'on voudra, je pense que mes parents y sont pour quelque chose dans ma débilité atroce. Et en plus de ça, je suis laide. La vie ne m'a décidément pas gâtée... Quand je reviens vers le ''Gang des Folles'',  six paires d'yeux me regardent avec curiosité. Voyant que je ne dis rien, c 'est Sallie qui parle la première :

 

- Alors, il te voulait quoi ?

 

- Pff, rien de spécial.

 

Elles insistent, et je suis obligée de tout leur raconter ce que Fannie sais déjà. Elles jubilent, persuadées que MBG a un faible pour moi. Ouai, c'est ça, et les éléphants sont roses à pois verts et adorent les steaks de dromadaire, aussi ! Nan mais je te jure... On mange au self, tout en rigolant de la bonne blague qu'on a faite à M. Soupaulit. Je suis assez fière de moi, je l'avoue... Le principal ne va pas en croire ses lunettes crasseuses ( comme d'habitude )! Enfin, grâce à nous, il en a vu d'autres... La nourriture est immangeable, mais on s' empiffre quand même. J'ai réussi à glisser un petit Louis dans ma manche de sweet. C'est toujours ça de gagné. En maths, on s'installe à nos places habituelles. M. Soupaulit à l'air furax. Une fois les élèves silencieux, il déclare :

 

- J'aimerais savoir quel est l'imbécile qui a signé Pâté Encroûte au dos de sa copie !

 

Ne voyant aucune réaction à part mon Gang qui se tord de rire, il continue :

 

- Et également ceux qui ont signé respectivement : Couille Demammouth, Espèce Decornichon, Chaussette Pourriequipue, Gros Pifpleindemorve, et Face Depet ! Je trouve cela tout à fait ridicule ! J'exige que les coupables se dénoncent immédiatement, sous peine d'une punition générale !

 

Je n'en peux plus, je rigole comme une bossue. Toute la classe regarde le Gang des Folles au fond de la salle. Je me fend tellement la poire que le prof s'écrie :

 

- Elleana Costa ! J'aurais dût m'en douter ! Vous et vos pitreries grotesques ! Vos complices avez intérêt à vous suivre rapidement le bureau du principal !

 

Entre deux hoquets, je me lève et salue ma classe :

 

- Couille Demammouth, pour vous servir !

 

Et je m'enfuis, pliée en deux, suivie de mes amies qui énumèrent leur nom chacune leur tour et s'en vont en titubant. Quelle marrade ! Mais franchement, M. Soupaulit aurait pût le prendre à la rigolade. Ce mec n'a aucun humour, c'est révoltant. On toque à la porte, encore à moitié mortes de rire. On entre, s' installe sur les chaises osseuses et explique tout au proviseur qui frôle la dépression nerveuse. Il met sa tête entre ses mains ( en ayant pris le soin d'enlever ses lunettes ). Au bout d'un siècle, il se redresse et nous déclare :

 

- Je vais devoir vous sanctionner. Vous dépassez les limites.

 

Tandis que je me retiens de lui éclater de rire à la figure, Camille demande :

 

- Quelle genre de sanction ?

 

- Vous nettoierez les classes pendant un mois.

 

- Un mois ?

 

C'est à ce moment là que j'explose d'un rire incontrôlable.

 


Résumé de la situation : Le principal a trouvé mon comportement '' intolérable '' et tout le Gang a échoppé d' un mois en plus par ma faute. J'essaye de culpabiliser, mais je n'y arrive pas. Bon, elles ne m'en veulent pas, car ce n'était pas volontaire et de plus, je me suis suffisamment excusée pour ne plus avoir à prononcer le mot '' pardon '' pendant un an au moins. Sans compter le fait que je me suis mise à genoux. Qu'es ce qu'il faut pas faire ! Pour le proviseur, j'ai dût faire une lettre dans laquelle je remettais en cause mon attitude et promettais que cela ne se reproduirais plus à l'avenir. Tu parles. Compte sur ça et bois de l'eau fraîche, mec. J'ai eu ma note de ce fameux contrôle, et j'ai eu 14 ! Youhou ! Pas de quoi en faire un fromage, puisque Couille Demammouth a assuré. En histoire, Rachelle me fait passer un

 

mot :

 

'' Rajoute BON à la fin de M. Grosgen et essaye de te marrer sans te faire repérer ''

 

Je répond, pliée :

 

'' Pas mal. Tu savais que le M. Grosgen ( bon...Lol ! ) en question avait des chaussettes rayées en jaune et vert ? ''

 

'' Il est tellement sexy, ça ne m'étonne pas. Oh, et en parlant de mec sexy, après... Sport ! ''

 

'' Oh, oh ! Avec un peu de chance, le prof se changera avec nous... ''

 

Notre professeur de sport est (sois-disant, parce que moi...) magnifique. Si il n'avais pas été prof, il serai... Mannequin ! Impossible de se concentrer, on a toutes la bave au menton. Toutes les femmes de l' établissement, mariées ou non, sont subjuguées dès son approche. Le pire, c' est que je crois que il ne s'en rend même pas compte ! Enfin, moi je ne suis pas trop émerveillée, pour la simple et unique raison que je suis bien trop occupée à faire le poisson rouge pour MBG. Au fait, M. Grosgen, on le taquine mais il est sympa. Trop sympa, d' ailleurs. Dans son cours, on peut tout faire. Enfin, presque. Mais il a tendance à croire que le monde est merveilleux, ce qui n'est pas le cas. Oui, il y a des imbéciles sur Terre. Essayez de l'en convaincre, moi j'y renonce. Après deux heures de transpiration intense en renforcement musculaire ( si j'ai l'occasion de rencontrer le mec suicidaire qui a inventé le sport, je le tue ) je rentre enfin chez moi. Pff, quelle journée ! Oups, j'avais oublié... J'ai un mot à faire signer pour signaler à mes parents que désormais, je me nomme Couille Demammouth. Bon, plus sérieusement, pour les informer que je vais devoir nettoyer les classes pendant deux mois. En gros, j'ai signé mon arrêt de mort. Quand j'arrive, ma mère qui faisait la vaisselle s’arrête et me regarde. Un regard qui signifie : '' Toi, tu est gravement dans la mouise ''. Chouette, le proviseur a dût se faire un plaisir de téléphoner à mes parents pour leur annoncer la bonne nouvelle.

 

- Assied-toi.

 

Aïe, accueil glacial. Elle finit de laver sa casserole dans une eau que je devine bouillante. Les mamans ont ce don d'avoir les mains insensibles à la chaleur. C'est peut être un question d'habitude. Elle s'installe en face de moi et avec une maîtrise totale de sa colère, elle me déclare :

 

- Explique-moi pourquoi tu persiste à gâcher ta vie.

 

Pendant un temps qui me paraît durer un siècle et demi, on parle de plein de choses. Vous savez, ces choses que les adultes veulent tellement nous faire comprendre. Ce qu'il ne savent pas, les pauvres, c'est que, nous, les adolescents, nous ne pouvons pas réaliser. Tout ce baratin parlant d'avenir et de métier... Même si dans ma lucidité j'en retiens un dixième, c'est inutile. Dans mon cerveau, le futur, c'est moi en superstar, milliardaire, passant mes vacances en Australie de l'Est ou encore dans des îles paradisiaques. Avec, bien évidement, MBG comme époux. La belle vie. Je sais, je suis irrécupérable. Bien sûr, je promet à ma mère de faire des efforts. De sérieux efforts. Et je le jure, en ce moment même je le pense vraiment. Je suis motivée. D'ailleurs, à peine rentrée dans ma chambre, je me met aux devoirs. Une première ! J'ouvre mon agenda :

 

Pour demain :

 

- Physique Chimie : ex 5, 6, 7 et 9 p. 201. ( Quoi ?? Mais il est malade ce prof ! )

 

- Français : Apprendre p. 85. ( Pfff )

 

- S.V.T : Tableau + p. 62 aide. ( hein ?? )

 

Pour Mercredi :

 

- Histoire/Géographie : Rechercher les insignes de Napoléon et compléter la fiche. ( crotte ! )

 

- Maths : ex 12 et 15 p. 129. ( arrglhh )

 

Bon, j'ai aussi une rédaction pour vendredi. Raaahhh c'est vraiment pas la joie ! Bon, procédons. La Physique Chimie tout d'abord. Je regarde à la page 201 et... pas d'exercices 5, 6, 7 et 9 à l' horizon.  Flûte, j'ai dût me tromper ! Bon, j'appelle Fannie :

 

- Allô ?

 

- À l'huile !!

 

- Très drôle.

 

- Oui, cessons ces enfantillages. Tu as la page des exos de Physique ?

 

( En fait, je suis certaine qu'elle l'a puisqu'elle fait TOUJOURS et BIEN ses devoirs )

 

- Oui, et toi aussi normalement.

 

- Ben... Disons qu'à la page 201, il n'y a pas ce que je recherche.

 

- Évidement, patate ! C'est la page 221 !

 

- Cool, merci.

 

- De rien.

 

- Et... Tu les a fait ?

 

- Oui.

 

- Dis, tu me les passes ma meilleure amie que j'adore ?

 

- Non.

 

- Allez...

 

- Je peux pas te le dicter, c'est trop long de toute façon.

 

Super, ça veux dire que je vais y passer la soirée.

 

- Zut.

 

- Tu l'a dis.

 

- Bouffi.

 

- Hein ?

 

- On dit : tu l'as dis, bouffi !

 

- Haha, toi et tes expressions pourries...

 

- Lol, bon allez salut faut que je m'y mette.

 

- Tu fais tes devoirs ?

 

- Ben oui pourquoi ?

 

- Hahahahaha, alors ça c'est la meilleure ! Bisous !

 

Elle raccroche. Vive les amies. Allez Ellie, motivation ! J'ouvre mon livre de Physique page 221. Exercice 5 : Je relis 15 fois l'énoncé, je pige que dalle ! Bon, je zappe. Exercice 6 : froncement de sourcils. Réflexion. Concentration. Grattage de nez. Exaspération. Arrachage de cheveux. J'abandonne. Exercice 7 : Rien que regarder le schéma me donne mal au crâne. Exercice 9 : Totalement impossible ! Bon, j'appelle Camille :

 

- Oui ?

 

Zut, je peux pas lui crier '' à l'huile ! '' dans les oreilles. Tant pis, j'ai d'autres réparties :

 

- Stiti !

 

- Quoi ?

 

- Ben, ouistiti ! Mwahahaha !

 

- Ah, d'accord.

 

- Tu trouves pas ça drôle ?

 

- Si, très. Pourquoi tu m'appelles ?

 

- Euh... C'est les exos de Physique qui me posent problème, en fait.

 

- Quoi ? Tu fais tes exos ?

 

- Enfin, je les fais, c'est vite dit, hein... J'essaye de les faire, quoi.

 

- Haha, ben tu es tombée sur la mauvaise personne ! J'ai même pas ouvert mon agenda !

 

- Ah. Bon, ben merci quand même.

 

Bon, les exercices de Physique, basta ! Je dirais que mon chat les a bouffés... Alors, Français... Apprendre p. 85... Examinons la situation : il y a une chance sur 25 qu'elle m'interroge. C'est vite réglé : bye-bye, page 85 ! S.V.T : Le tableau + p. 62 aide. Mais ça veux rien dire ! Je recopierais sur Nadia dans le bus, tant pis.

 

* Plus tard *

 

Les insignes de Napoléon m'ont bien cassé les pieds ! Au final, vive Google grâce à qui j'en ai trouvé deux. Je suis tellement sur les nerfs que je ne regarde même pas pour les exercices de maths. De toute façon, il ne vérifie jamais, ce prof. Je me vautre sur mon lit avec la musique à fond en mode '' larve.

 

Bip, bip. Bip, bip. Je vais le bouffer, ce réveil, un de ces quatre. Je tape un grand coup dessus. Mine de rien, c'est nettement plus efficace que de le retourner et appuyer sur le bouton. Et plus radical, aussi. Je m'enfouit sous les couvertures et retombe dans un profond sommeil.

 

- Elleana !! Il est 7h et quart !

 

Mon père à jaillit dans ma chambre. Flûte et crotte de zut ! Je me suis rendormie ! Je me lève d'un coup et saute dans mon short et mon tee shirt. Je suis à peine arrivée dans la salle à manger que Fred explose de rire en me pointant du doigt, suivit de Jérémy et Maman.

 

- Quoi ? Mais qu'est ce qu'il y a ?

 

En examinant mon accoutrement, je repère la cause de leur hilarité : j'ai enfilé mon short par dessus mon pantalon de pyjama ! Ça me donne une allure... Bizarre. En rigolant, je cours me changer.

 

Je suis enfin dans la cour. Finalement, je n'ai pas loupé mon bus. Bon, j'ai tout de même couru après. C'est mon petit footing du matin, ça peux pas me faire de mal. La graisse de mon bide me crie au secours ! Sinon, j'aime bien les mardis. Stéphanie, la voisine, emmène sa fille Lili à une compétition  demain et m'a proposé de garder son môme, Éric, de 4h à 20h. Il a deux ans et demi, je sens que ça va être chouette. En général, je m'entend plutôt bien avec les enfants, surtout quand je suis payée pour les garder... Éric, je l'aime bien, il est trop chou. Mais... Lili a 8 ans, ce que ne l'empêche pas d'être une vraie pimbêche. Le premier mot qu'elle a prononcé ? Cheval, sans aucun doute. Elle ne parle QUE de ça et c'est insupportable. Heureusement que je ne la garde pas ! La dernière fois qu'on s'est vues :

 

1) J'ai faillit devenir folle avant la fin de la discussion ( si on peux appeler ça une discussion... de son monologue, plutôt ! )

 

2) Elle a osé me dire que j'avais des grandes guibolles.

 

3) Elle n'était pas loin de me persuader j'adorais l'équitation ( bourrage de crâne )

 

Aaaaaahh ! Stop, je trépasse ! Inutile de préciser que sa couleur préférée est le rose. Rose bonbon, dont sa chambre est couverte. Arglh. Mine de rien, cette gamine me fout les jetons ! Tout en elle respire la perfection, c'est révoltant. Sa moyenne ? 19, les doigts dans le nez. Bref, si je la croise, je me suicide.

 

- Elleana ?

 

Qui me dérange donc ainsi ? Oh, ciel, je tressaille, je m'évanouis ! Devant moi se trouve une merveille innommable ! MBG me regarde de ses grands yeux bleu ciel... Je suis sur le point de tourner de l’œil quand il répète :

 

- Euh... Elleana ?

 

Zut, dans ma contemplation, j'ai complètement oublié de lui répondre !

 

- Euh... Oui ?

 

Sortant de ma transe, je m'aperçois qu'il jette des regards nerveux à gauche et à droite, comme si mon frère allait jaillir d'un buisson pour lui serrer le kiki dans le but de l'étrangler d'un moment à l'autre. Remarque, il n'y a pas de buisson. Bah, il peux se cacher dans les sacs, aussi.

 

- Ça te dirais d'aller... Je sais pas, au cinéma avec moi par exemple ? 

 

Quoi ? Je rêve ou l'homme de ma vie me demande d' aller au cinéma avec lui ? C'est pas possible ! Il faut que je me pince pour en avoir le cœur net.

 

- Elleana ? Mais qu'est ce que tu fais ??

 

- Je euh... Je me pince pour voir si je rêve.

 

Il éclate d'un rire magnifique.

 

- Haha, ce que tu es adorable ! Bon, disons... Mercredi, 18 heures ?

 

- M...Moua, giga cool.

 

Il rigole encore une dernière fois et s'en va. Il a dût prendre mon langage incompréhensif pour un oui. Mais n'importe quoi, moi ! Je le sors d'où, ce ''moua'' ?! Raah, je me hais ! Mais... Mercredi, Youpa youp ! La vive est belle ! Il m'a invitéeuh ! Lalalalalèreuh ! Et je suis aaaaaaaadoooorable, na !

 

Je cours ventre à terre jusqu'à mes copines et hurle, les bras levés au ciel :

 

- Je suis aaaaaaaadoooorable !

 

L'intégralité du Gang des folles me regarde avec des yeux rond comme... Les molécules en plastique du prof de Physique Chimie ! Insensible à leur réaction, j'exécute une danse et essaye d'entraîner Julie avec moi. Elle se laisse faire, éberluée, puis déclare :

 

- Ça y est, elle a pété les plombs.

 

- C'est la fin des haricots, ajoute Rachelle.

 

Je proteste :

 

- Mais noooooon ! Devinez ce qui viens de m'arriver !

 

- Tu as rencontré Léonardo Di Caprio et il t'a demandée en mariage ?

 

Propose Annie.

 

- Presque !

 

- Vas-y, crache le morceau, s'impatiente Sallie.

 

- Voilà : MBG viens de m'inviter au cinéma Mercredi !!!!!

 

Toutes les filles sont très enthousiasmes :

 

- Ha, je le savais qu'il avait le béguin pour toi !

 

- Ouai, c'était sûr !

 

Mais une phrase de Fannie viens troubler notre joie :

 

- Eh ! Mais Mercredi... Tu ne gardes pas ton petit voisin ?!

 

Aaaaaaahhhhh ! Non, j'avais oublié ! Ma vie est fichue !! 

 

 

 Je n'ai pas croisé MBG de la journée. Comment lui annoncer la terrible nouvelle ? Si ça se trouve, il se désintéressera de moi ! Ou peut-être qu'il n'est pas libre avant plusieurs années ? Aaaaahhh. Dans des années, je serais vieille et encore plus laide que maintenant - ce qui n'est pas peu dire. Nan mais c'est pas possible, je suis la fille la moins chanceuse de la planète Terre.

 

- C'est le matin, perlimpinpin, c'est la journée, gros poil au nez !

 

C'est Papa. Il joue de la guitare à fond dans mes oreilles. Je me cache sous l'oreiller dans l'espoir de roupiller encore un peu. Mais, visiblement motivé et de bonne humeur, il reprend de plus belle :

 

- Debout le déjeuner t'attend, Il fait beau dehors et dedans !

 

- Mmmmmmhhhh.

 

- Réééééveiiiiiillllle toi ! C'est le moment de s'amuser, allons danser allons chanteeeeeeeeer !

 

Désespérée, je brandis ma main en l'air :

 

- C'est bon, je me rends !

 

- Alors maintenant à tout de suite, de toute façon tu étais cuiiiiiiiite !

 

Crie t-il juste avant de quitter ma chambre. C'est quoi cette famille de tarés ? Je hurle :

 

- La poooooorte !

 

Il la referme, non sans chantonner :

 

- Je ferme les portes mais pas ma bouuuuuche !

 

Quel dommage.

 

Je suis à peine arrivée en bas que Jérem me lance :

 

- Salut, Jean-Claude !

 

Hein ? Quoi ? Je reste stupéfaite. Bon, je l' avoue, j'ai un problème de connexion neuronales le matin. Mais là... Il faut aller le faire soigner ! Je marmonne un « Salut... » ensuqué. Ne jamais contrarier un fou. Première règle de survie chez les Costa. Là je suis un peu carrément déprimée parce que j'ai demandé à Fannie de passer le message à Julien comme quoi je ne pouvais pas venir. Donc, moral dans les chaussettes.

 

Je toque à la porte. Mes parents ont cru bon de m'enseigner chaque chose à faire avec un enfant avant de me laisser partir. Il est 4h3. Bon, un retard de 3 minutes, c'est pas la mort. Stéphanie m'ouvre avec un sourire puissance 32. Aïe, ses dents m'éblouissent.

 

- Ah, c'est toi ma chérie ! Entre !

 

Je franchis le seuil.

 

- Va donc voir Lili dans sa chambre ! Tu sais, elle t'attendais avec impatience...

 

Ajoute t-elle avec un clin d' œil. Cette nana plane complètement. Sa fille est un diable ! Plutôt crever que de voir Lili poney & Cie. 

 

- Euh... J'aimerais aller au toilettes...

 

J'espère pouvoir m'éclipser chez moi, juste le temps qu'ils partent...

 

- Aucun problème, c'est au fond à gauche ! La porte mauve !

 

Arglh, coincée. Bon, je fonce dans les toilettes. Impossible de me tromper, il y a écrit '' Petit Coin ''en gros dessus. Mais TOUT est mauve dans ces chiottes ! La cuvette est recouverte de fleurs avec l'inscription '' Tout est bon dans ma maison '' - mais ils se nourrissent de quoi ici ?! - Et... Il y a des photos de famille accrochées sur la porte, bien en face du trône ! Tu peux penser à ta famille tout en faisant caca. Chouette. Il y a vraiment de quoi être constipé. Ah. Et il y a aussi un détail que j'adore : il n'y a pas de verrou !! Bref, le summum de la nullité ringarde des toilettes. Je tire la chasse pour faire plus crédible. Ahhh, je manque d'air ! Le bloc WC diffuse un odeur de rose écœurante ! Je m'enfuis pour éviter de finir ma vie asphyxié dans des toilettes mauves. Au secours ! Devant la porte se trouve Lili, souriant de toutes ses dents ( moins les deux de devant ).

 

- Tu as fait un caca tellement puant que tu es obligée de sortir vite ?

 

- Ah, diens, bondour Lili.

 

Je m'aperçois que je me bouche encore le nez et arrête immédiatement.

 

- Pff. T'es nulle.

 

- Merci.

 

- C'était pas un compliment, débilos !

 

Ras-le-bol. Je vais pas me laisser faire ( je me baisse à sa hauteur ) :

 

- Écoute, et retiens : Ça s'appelle de l'ironie, et étant donné ton état mental, ça ne m'étonne pas que tu ne sois pas en mesure de comprendre. Alors tu vas voir ailleurs et tu me casses pas les bonbons.

 

- Je vais tout dire à maman.

 

- Vas-y, j'en ai rien à péter.

 

Elle s'en va, fulminante. Victoire ! 1-0 pour moi. Comme je la connais, elle est déjà en train d'élaborer un plan pour me laminer. Ce sera pour la prochaine fois, poulette ! Enfin, Stéphanie se décide à partir avec Lili. J’agite la main dans leur direction avec un air angélique, Éric dans les bras. Je le regarde :

 

- Allez mon coco, on va bien s'amuser !

 

Il sourit et me demande :

 

- Maison ?

 

Trop chou.

 

- Oui, on rentre dans la maison.

 

Je le pose sur la moquette :

 

- Tu as déjà mangé ?

 

- Manger !

 

Bon, reformulons la question :

 

- Tu as déjà goûté ?

 

- Man-ger !

 

J'appelle Stéphanie :

 

- Allô ?

 

Je réunis toutes mes forces de maîtrise pour ne pas lui crier '' à l'huile ! '' dans l'oreille.

 

- Oui, c'est Elleana. Désolé de déranger, mais le petit a déjà goûté ?

 

- Oui, surtout ne lui donne rien. Il a tendance à réclamer entre les repas. Rappelle-moi si il y a le moindre soucis, d'accord ?

 

- ok.

 

Éric a attendu patiemment. Il me regarde de ses grands yeux :

 

- Manger ?

 

Je m'accroupis.

 

- Désolé, petit bout d'chou, mais ta maman à dit non. Pas manger.

 

- Pas manger ?

 

Il a l'air tellement triste que je suis prête à lui offrir le frigo entier.

 

- Oui, c'est ça. Pas manger.

 

- Manger !

 

- Non, maman a dit...

 

- MANGER !

 

Il fronce ses petits sourcils et tape ses minis mains potelées par terre avec colère. Au bout de dix minutes pendant lesquelles j'essaye désespérément de lui faire entendre raison, je craque et lui donne un sablé. J'en profite pour en boulotter quelques uns aussi, du coup. Raah, je suis vraiment destinée à être obèse !

 

J'en suis à mon 43ème sablé et sûrement 250ème jeux avec Éric quand la sonnerie de la porte d'entrée retentit. Il est 18h, bizarre que quelqu'un sonne à cette heure là. Surprise, je vais ouvrir, prenant Éric avec moi pour être sûre qu'il ne lui arrive rien de fâcheux ( par exemple, il pourrait s'asphyxier en tirant la chasse d'eau ). J'ouvre la porte et reste bouche bée : MBG est là, plus méga beau gosse que jamais.

 

- M... Julien ?! Mais qu'es-ce que tu fais là ?

 

Son sourire me fais presque tomber à la renverse.

 

- J'ai appelé chez toi parce que j'étais déçu que tu ne puisses pas venir... Je pensais te ré-inviter plus tard. Ton père m'a dit que tu étais là et j'ai décidé de passer te voir. J'ai eu de la chance de ne pas tomber sur ton frère !

 

Je ne sais pas quoi répondre. Oh, non ! J'ai encore le tablier que j'avais enfilé pour cuisiner. Il a plein de fleurs roses et vertes dessus et écrit '' tout est bon dans ma maison '' ( j'en déduis que c'est la même collection que les toilettes, hélas ). Je rougis en voyant à quel point Julien est beau comparé à moi... D'ailleurs il pose un regard dubitatif sur mon tablier. Pour faire abstraction,  je lui propose :

 

- Tu veux rentrer ?

 

- Quoi ?

 

Je sais que les garçons n'aiment pas les filles qui rigolent trop. Seulement à leurs blagues, c'est tout. Et un rire très féminin, s'il vous plaît. C'est pour ça que je n'ai jamais eu de succès. Fannie, elle sais exactement quand il faut rire et ce qu'il faut dire... Ce n'est pas mon cas. Malheureusement et triplement hélas, je ne peux me retenir de lui crier à la figure :

 

- Feur !

 

Je me tords de rire et Éric aussi, perché dans mes bras. Je doute qu'il sache pourquoi il rigole, mais je me sens moins seule. Soudain, je remarque qu' MBG me regarde bizarrement. Saperlipopette ! Je dis n'importe quoi ! J'essaye de me rattraper :

 

- Heu... Enfin, je veux dire... Coiffeur, quoi... C'est... Hum... Tu veux rentrer ?

 

Il accepte mais je vois bien que tout est fichu. Il me prend non seulement pour une folle, mais qui a de plus un humour pourri. Vive la vie. Elleana, tu es nulle. Comme toujours, avec les garçons... Je perds tous mes moyens à chaque fois. Il me suis dans le salon et s'installe sur le canapé. Gênée, je m'assois de l'autre extrémité du divan, histoire de ne pas me mettre sur ses genoux sans faire exprès. Oh, mais il est quand même trop près de mon visage... Je suis sûre qu'il voit mon gros bouton ! Il observe la pièce, pour l'instant.

 

- Aïe !

 

Éric, sur mes genoux, joue avec mes cheveux et viens de m'en arracher une bonne partie. Il explose de rire, sa petite main refermée sur une bonne touffe qu'il secoue dans tous les sens. Mamamia, je vais devenir chauve ! Comment repartir à zéro au niveau capillaire ? Contactez Éric, il saura vous répondre ET vous arracher les poils de la tête sans douceur. Un petit moment passe. MBG se retourne vers moi :

 

- Sinon, comment ça va ?

 

Mal, très mal. Tu viens de me voir en tablier rose bonbon fleurit, je t'ai fais la blague la plus pourrie du siècle, et j'ai un arracheur de cheveux sur les genoux qui vient de mettre en œuvre ses talents, donc tout va mal. Non, je ne dirais pas ça. Hors de question.

 

- Très bien, et toi ?

 

- Très bien aussi...

 

Répond-t-il avec un de ces sourires craquants. Grand silence, à part Éric qui gazouille, toujours fier de son exploit concernant mon nouveau look. Ah, tiens, Julien se rapproche un peu de moi. Il décale ses fesses vers mon côté du canapé, et me regarde dans les yeux. Je fonds. Aïe, son visage est un peu trop près là... Et ne fais qu'avancer de plus en plus ! C'est limite si je louche pour le voir maintenant. Et d'un coup, sans prévenir, comme ça, pouf ! Il m'embrasse. C'est vraiment magique... Sauf qu'au lieu de se retirer et se mettre à genoux pour me demander de l'épouser, il ne bouge pas. Il reste collé à mes lèvres ! Ben ça alors...J'ai gardé les yeux ouverts, et je vois que lui les ferme. Oulla, je crois qu'il a un gros beug, là. Il entrouvre la bouche, non ?! Euh... C'est moi ou il a la ferme intention de me rouler une pelle ? J'aimerais bien le lui demander, mais avec sa ventouse devant mon conduit respiratoire, je ne peux pas. D'ailleurs, je commence sérieusement à manquer d'air ! J'étouffe ! Ouf, c'est bon, je viens de me rendre compte que je peux respirer par le nez en fait. Ah, mais il m' aspire les lèvres là ! Un truc touche mon épaule. En louchant, je me rend compte que le truc en question est en fait sa main qui descend dangereusement. Personnellement, mes bras pendouillent lamentablement. Arglh, un truc gluant est en train de toucher ma bouche ! Ça doit être sa langue ! Stop, j'en peux plus ! Assassin, lâche moi ! Tout à coup... CLAC ! Je retrouve enfin mes lèvres, à ma grande surprise, car je croyais vraiment ne plus jamais les revoir, et reprend mon souffle. Julien est devant moi et grimace de douleur, une main frottant sa joue.  Je réalise qu' Éric viens de baffer MBG avec une force incroyable ! Il a dût en avoir marre qu'il l'écrase… En ce moment même, le petit se fend littéralement la poire, encore sur mes genoux. Il m'a sauvé la vie, sinon j'aurais été ventousée à mort ! Je manque de rigoler aussi tant la situation est poilante, mais je remarque que Julien à l'air très vexé et me retiens immédiatement. Serrant les lèvres, je m'apprête à lui dire quelque chose quand mon nez perçoit une odeur... De cramé. Oh, Sacrebleu ! Le poisson pané ! Posant le baffeur professionnel par terre, je cours à la cuisine et constate que mon flair ne m'a malheureusement pas trompée. Les poissons sont totalement noirs et ressemblent plus à de la bouillie d' excrément de limace qu'a de la nourriture. Piteuse, je retourne dans le salon et déclare, poêle à la main :

 

- Tout a cramé...

 

Éric tape des mains, radieux :

 

- Bravo !

 

A mon avis, il n'a pas tout à fait compris que toutes ses chances de manger ce soir sont en bouillie - dans les deux sens du terme -. Je me retourne vers MBG, navrée. Soudain, il soupire :

 

- Bon, je vais peut-être partir, moi...

 

En entendant ça, j'ai envie de pleurer. Je suis vraiment nulle à ce point ? J'ai tout gâché... J' accompagne le mec le plus beau du monde jusqu'à la porte, le petit fermement accroché à ma jambe droite. Sur le seuil, Julien se retourne et me sors :

 

- Je pense qu'on pourrais aller au cinéma... Demain ?

 

Je grimace :

 

- Mes parents ne me laisserons jamais sortir en semaine. Déjà que le week-end, je met longtemps à les convaincre, alors...

 

- Bon, Vendredi soir alors.

 

- Ok.

 

- Tu... Tu as un numéro de portable ?

 

- Oui, tiens...

 

On s'échange nos numéros. Tout n'est peut-être pas perdu en fait...

 

- Je t'envoie un sms pour confirmer, conclus-je.

 

- D'ac'.

 

Gros blanc. On se regarde en silence. Je ne me décide pas à partir et manifestement, lui non plus. Dois-je l'embrasser ? J'ai peur qu'il me repousse ou qu'il me ventouse encore ! Je me dis que la scène mérite sûrement ce petit bécot, quand une odeur nauséabonde vient enfumer mes narines. Une odeur... De couche bien pleine ! Malgré la senteur épouvantable, je prend Éric dans mes bras et décide :

 

- Bon, faut que j'aille lui changer la couche. Et que je re-cuisine...

 

- Ah, oui... Je te laisse alors.

 

Je murmure à mon petit protégé :

 

- Éric, dis au revoir à M, euh... Julien.

 

- Au revoir, coiffeur !

 

- Non, pas coiffeur, Ju-lien.

 

- Zulien.

 

J'agite ma main dans la direction de MBG qui s'éloigne. Mais je ne rentre à l'intérieur que lorsque son ombre a totalement disparu dans le crépuscule.

SUITE :

 

 

J'appelle aussitôt Fannie :

 

- MBG m'a embrassée.

 

- Sérieux ?

 

- J'ai l'air de rigoler ?

 

- Tu es sa petite copine, alors ?

 

- Je suppose.

 

- C'était bien ?

 

- Bof. J'ai faillit étouffer. On a connu mieux comme bécot.

 

Chapitre 2 :               Tu me prends pour un lapin de six semaines ?

 

 

   - Sortez une copie, contrôle surpriiiiiiiise !

 

Arglh. Mme Robinson, je vous hais profondément. En plus, j'en ai marre, là. Je me suis réveillée ce matin en me disant : '' ma vie est une grosse arnaque ''. Surtout depuis ce qui s'est passé avec Julien... J'ai pas le moral. Mais alors pas du tout. Ah, tiens, j'ai rendez-vous chez le dentiste bientôt. Raah, mais c'est pas possible... Hier, j'ai pleuré. Malgré les gros câlins d’Éric, j'ai totalement craqué. De ce fait, j'avais les yeux bien rouges et gonflés quand Stéphanie est rentrée, plus joyeuse que jamais - Lili a encore été première de la compétition -. Elle a eu beau me demander sans cesse pourquoi je pleurais, je n'ai pas lâché un traître mot. Même Lili qui me déteste ne m'a rien dit de méchant. Je devais vraiment être dans un sale état. Sanglotante, je suis rentrée chez moi... Et me suis enfermée dans ma chambre.

 

- Costa, vous comptez y passer la nuit ?

 

Je vous déteste.

 

- Non, seulement la journée.

 

- Très drôle. Je vois que ton humour est toujours aussi dévastateur.

 

- Ce n'était pas censé être drôle.

 

Elle lève les yeux au ciel :

 

- Quoi qu'il en soit, sors donc une copie et met-toi au travail.

 

Je demande autour de moi qui peux me donner une feuille, et on me jette des regards mauvais. C'est toujours comme ça. Quels radins. Pff, et ceux qui ont déjà préparé leur copie à la maison '' pour gagner du temps '' m' horripilent. De toute façon, je ne supporte plus rien aujourd'hui. Ce matin, j'ai faillit jeter mon réveil par la fenêtre. Du coup, je suis arrivée en retard et je n'ai pas pût parler de mes problèmes à mes potes. Bref. Heureusement, Fannie me passe une feuille sous l’œil attentif et vicieux de madame Robinson. Quelle poisse, celle-là ! Gaston, le garçon derrière moi, est en grande admiration devant son stylo. C'est un vrai cas, lui, c'est pas possible ! Le début du contrôle se déroule à merveille, mis à part le fait que je ne sais que 1 % des réponses. Bon, disons 0,5 %. Soudain, un stylo vole dans la classe et se fracasse par terre -au pieds de Mme Robinson- en explosant, et, par la même occasion, éclaboussant d'encre la belle jupe blanche de notre professeur. Elle glapit :

 

- QUI a fait ça ?!

 

Je n'ai rien fait. C'est juré. Pourtant, quand son doigt se pointe sur moi, je frémis.

 

- ELLEANA !

 

- Ou... Oui ?

 

Elle inspire profondément et ramasse le stylo avant de continuer :

 

- Tu viendras me voir à la fin de l'heure.

 

- Mais...

 

- PAS DE MAIS !

 

En grommelant, j'abandonne toute tentative de persuasion. J'ai vraiment une tête de coupable, non d'une crotte de mammouth ! Ça va encore être pour ma pomme... Je tente de répondre à quelques questions, mais sans succès. Je suis déjà en train de réfléchir à de bons arguments. Victoire, qui a toujours finit la première, lève le doigt. Pas comme nous, pour qui le doigt bien levé s'est transformé en main, puis en bras ramollit au cours des années. Non. Elle, elle se tient bien droite et pointe son index vers le plafond. Elle m'énerve. Mme Robinson l'interroge.

 

- Madame, quand sera le prochain contrôle surprise ?

 

Jupe-tachée soupire :

 

- Victoire, si je te le dis, ça ne sera plus un contrôle surprise.

 

Je ne peux m'empêcher de pouffer. Quelle cruche... Oh, ça sonne. L'heure est passée vite. Je n'ai répondu qu' à 5 questions. Et je ne suis pas sûre d'avoir juste... En traînant les pieds, je me retrouve devant le bureau de celle qui m'a odieusement accusée à tort ( pour une fois que je n'ai rien fait ). Lorsque tout le monde est sortit, je m’exclame :

 

- Madame, je n'ai rien fait !

 

Elle me toise.

 

- Elleana, tes résultats ne s'améliorent pas. Si en plus tu est dissipée et insolente...

 

L'arme du crime est posée sur la table. Soudain, je reconnaît ce stylo : c'est celui de Gaston ! Il jouait avec tout à l'heure ! Mme Robinson s'impatiente :

 

- Répond-moi. Qu'as tu à dire pour ta défense ?

 

- Je n'ai pas lancé ce stylo. Mais je sais à qui il appartient.

 

Elle fronce les sourcils :

 

- Qui ?

 

- Non, dis-je en secouant la tête, je ne le dénoncerais pas.

 

- Tu sais que je peux très bien te punir tant que je n'ai pas de preuve que ce n'est pas toi.

 

- Je sais. Mais vous avez ma parole.

 

- Bien. Tu peux partir.

 

Je tourne les talons quand elle me rappelle :

 

- Elleana !

 

- Oui ?

 

- Ne te laisse pas aller. Travaille, tu en es capable.

 

- Merci. J'y songerais.

 

Je sors de la salle. Fannie ne m'a même pas attendue. J'ai anglais... Je déambule dans les couloirs vides. Je suis en retard, mais j'ai une bonne excuse. Je toque à la porte. Monsieur Durant m'ouvre et me regarde dans l’entrebâillement d'un air mauvais.

 

- Sorry, I'm late.

 

- Va chercher un billet de retard à la vie scolaire.

 

- Mais... J'étais avec Mme Robinson en Histoire/Géo !

 

- Je ne veux pas le savoir. Tu es en retard, tu prends ton carnet de correspondance et tu vas faire signer un billet de retard. C'est comme ça.

 

- Mais ce n'est pas ma faute ! Elle m'a retenue !

 

Pour toute réponse, il me ferme la porte au nez. C'est vraiment pas ma journée...

 

 

      Elleana. C'est un prénom bizarre, hein ? Je me demande souvent à quoi pensaient mes parents quand ils m'ont eue. Sérieusement... Elleana, quoi ! Pourquoi pas brocoli pendant qu'on y est ! « Brocoli, viens ici ! ». Bon, j'avoue, avec un nom pareil ( brocoli ), on a une crédibilité de... Zéro. Sinon, je préfère qu'on m'appelle Ellie qu' Elleana. Ou que brocoli, à la limite. Haha. Bon, il faut que je demande à mes parents pour demain soir... Ça va pas être de la tarte. Oh que non. Ah, oui, et j'ai sport en dernière heure ! Trop cool ! Vous savez, avec le prof qui transforme toutes les filles en limaces baveuses...

 

* Plus tard *

 

Je pue. Oui, vous avez bien lut. Je pue atrocement. D'ailleurs, je viens de saluer une amie avec qui j'ai eu cette discussion :

 

- Salut !

 

- Salut ! Dis, tu reviens de sport, non ?

 

- Oui, comment tu sais ?

 

- Ben... Ça se sens.

 

Bref, mon professeur de sport est très beau, mais terriblement sadique. ENDURANCE. Quel est l'imbécile qui a inventé ce sport, que je l'assassine dans son sommeil ?! Rectification : quel est l'andouille de mes fesses qui a osé inventer le sport ?! Que quelqu'un se dénonce ! Et vite parce que là, je pue ! Le seul but de l'endurance est de nous faire transpirer. Ah, et de nous faire souffrir, aussi. Le prof étant confortablement assis, il nous ordonne de nous échauffer. Trois tours de terrain. Déjà là, je meurs. Mais ce n'est pas finit, au contraire. Courir une heure sans arrêt est au programme. Tout ça pour quoi ? Pour riiiiieeeen. Que dalle. Même pas un minuscule pot de nutella. La vie est cruelle. Pourquoi tant de haine ?

 

- Papa ?

 

- Oui ?

 

- J'aimerais te demander quelque chose...

 

- Vas-y, je t'écoute.

 

- Et bien... Je suis invitée au cinéma vendredi soir...

 

Il me jette un regard inquiet :

 

- Par qui ? Un garçon ? Comment il s'appelle ? Il a ton âge ?

 

Je lève les yeux au ciel et rétorque :

 

- C'est un gangster. Il s'appelle Siméon, a 47 ans et je crois qu'il a l'intention d'abuser sexuellement de moi. C'est d'accord ?

 

Il éclate de rire.

 

- Hahahahaha, excuse-moi, je me suis un peu emporté. Alors ? Qui est ce veinard ?

 

- Julien.

 

- Quel âge ?

 

- Le mien.

 

- Julien comment ?

 

- Dis, t'es de la police ?!

 

- Nan, mais je suis ton père, et c'est presque pareil. Répond.

 

- Julien Rougeaud.

 

- Connaît pas.

 

- Normal.

 

- Pourquoi ?

 

- Pour rien. Bon, alors... C'est oui ?

 

- Vas demander à ta mère.

 

- Et si elle dit oui ?

 

- Ben... On verra.

 

Bah me voilà rudement avancée dis donc !

 

- Maman ?

 

- Oui ?

 

- Je peux te parler ?

 

- Oui, vas-y.

 

- Je suis invitée...

 

- Mmh.

 

- Au cinéma demain soir...

 

- Par qui ??

 

Ah ben la voilà bien plus intéressée maintenant.

 

- Par un garçon.

 

- Mais qui ??

 

- Julien.

 

- Il a quel âge, celui-là ?

 

Je vais me suicider. Avec les rideaux. Oui, bonne idée. Je vais m' étrangler dans les rideaux. Après avoir répété tout en détail ( jusqu'à sa couleur préférée et le nom de son chien ), j’eus droit à la question fatale :

 

- C'est ton petit ami ??

 

Retenez-moi, je crois que je vais la mettre dans un sac et la jeter à la mer.

 

- Maman, tu connaît la signification de mots tels que '' vie privée '' ?

 

- C'est bon, je demandais juste.

 

- Ben demande pas.

 

Il y a un blanc. Puis, je tente le tout pour le tout :

 

- Alors ?

 

- Demande à ton père. 

 

- Il a dit oui !

 

- Alors c'est bon. Tu peux y aller.

 

Yeeessssssss !!! Je saute au cou de ma mère quand Fred fait irruption dans la pièce.

 

- Tu peux aller où ?

 

Je fronce les sourcils :

 

- Nulle part.

 

Hélas, Maman gâche toute ma stratégie en une seule phrase. Il faut la comprendre, elle est tellement excitée pour moi...

 

- Un garçon l'a invitée au cinéma !

 

Oh, crotte de bique... Si mon frère apprend que c'est Julien, je suis bonne à porter un voile et une tenue de sainte jusqu'à la fin de mes jours ! Possible qu'il emploie des gardes du corps, aussi ! Maman, tiens ta langue, s'il te plaît... Fred se tourne vers moi :

 

- C'est QUI, exactement ?

 

- Personne. C'est pas tes affaires.

 

J'ai juste eu le temps de couper la parole à ma mère. Ouf, elle a compris le message. Elle ne dira rien. Je me réfugie dans ma chambre sous le regard suspicieux de Fred. Bon, ce soir, les devoirs... Tintin. Je me dois de trouver une tenue acceptable pour Vendredi, histoire de ne pas faire trop honte à MBG le sublime. Étape numéro 1 : regarder la météo. Et mon ordi portable qui met trois heures à s'allumer...

 

* Trois bon siècles plus tard ( le temps que ce stupide ordinateur s'allume ) *

 

Super, beau temps à l'horizon ! À moi la jupe ! Je suis en train de chercher un petit haut à mettre avec quand... Toc, toc, toc ! La porte s'ouvre. C'est Fred tout craché, ça. Toquer, mais ne pas attendre la réponse et entrer.

 

- D’accord, je te laisse parler à Julien Rougeaud. Mais si il te fait du mal... Je lui fais bouffer ses tripes avec de la mayonnaise. Il va regretter d'être né, ce mec. Personne ne touche à ma petite sœur, foi de Costa !

 

Et il s'en va. Ça me fait plaisir qu'il se soucie de moi comme ça, même si je préférerait sauter du haut de la Tour Eiffel en tutu plutôt que de l'avouer. Je choisis ma tenue, le maquillage que je porterais avec et la coiffure. Je m'entraîne ensuite à savoir quoi dire, au cas où il me parlerait et que je paniquerais, comme d'habitude. Je m'imagine tout un tas de scénarios tout aussi romantiques les uns que les autres... Ah, que la vie est belle...

 

- À taaaable !

 

Je descends avec encore la tête dans les nuages. Hélas, Jérémy me ramène à la triste réalité quand je le vois en train de consciencieusement se curer le nez avec sa cuillère.

 

- Yeurk. Ose prétendre que tu es mon frère après ça, et je porte plainte.

 

Il ne trouve rien de mieux à faire que d'essuyer son cure-nez sur moi. Je m'éloigne d'un bond, horrifiée.

 

- Bah, mais t'es dégueu !

 

Sa répartie ? La voici :

 

- Elle a un amoureux ! Elle a un amoureeeuux !

 

Très mature, vraiment.

 

- Pff, c'est même pas mon amoureux. Et même si c'était le cas, on dit petit ami. Amoureux, ça fait maternelle. En plus, je ne vois pas en quoi ça justifie ton décrottage de pif...

 

- Si ! T'a un amou... Petit ami !

 

- Nan. Et puis c'est pas tes affaires, en plus.

 

- Si.

 

- Nan.

 

- Si.

 

- Nan.

 

- SIIIIII !

 

- NAAANN !

 

- Si si si si si si si si si si si...

 

Maman intervient, exaspérée :

 

- STOP ! Elleana, tu es plus grande, tu devrais montrer l'exemple !

 

- Mais il m'a essuyé sa cuillère pleine de crotte de nez dessus !

 

- C'est même pas vrai ! Elle m'a embêté !

 

Papa prend le relais :

 

- Excusez vous tous les deux. Jérem de t'avoir délibérément crotté ton tee-shirt et toi de lui avoir mal parlé.

 

Jérémy baisse la tête :

 

- Pardon.

 

- 'scuse.

 

On se sourit ( du moins avec le peu de dents de lait qu'il lui reste, le reste est tombé ). Un sourire troué, mais un sourire quand même. Pendant le repas, Maman annonce :

 

- J'ai pris rendez-vous chez le dentiste.

 

Ah, ben tiens justement ça fait un bail que j'ai pas vu M. Sourire ( non, il ne s'appelle pas réellement comme ça mais on aime lui donner ce surnom avec Jérem et Fred ) ! Ce dentiste est taré -comme tous les dentistes-. Vous savez, ceux qui exposent des brosses à dents sur leur commode. Quand ils sourient, ça vous éblouit tellement leurs dents sont banches et droites. Et même qu'ils sont ingrats, parce que le médecin, lui au moins il nous a toujours donné des bonbons ! Alors que le dentiste... Il n'aime pas les sucreries. Enfin, je crois. N'empêche, ça doit être l'enfer d'avoir un père ou une mère dentiste... Personnellement, je ne crains pas trop d'avoir un appareil dentaire, tout le monde s'accorde à dire que j'ai les dents droites. Maman reprend :

 

- C'est Lundi qui arrive. Faudra pas oublier...

 

Bon, c'est juste un mauvais moment à passer, ce rendez-vous. On mange, et je retourne dans ma chambre. Vivement Vendredi !!!

 

 

  La vie est géniale ! Bon, gardons notre calme. La journée s'est très bien passée, et là, je suis en train de galoper sur le chemin du cinéma. Oui, je galope, c'est plus fort que moi. Oh my god il est là, il est là, il est là !! Il s'avance vers moi ! Je meurs. Tandis que je m'arrête devant lui, il continue et là... Il me prend dans ses bras ! J'ai l'impression de rêver éveillée, surtout quand il me chuchote :

 

- Salut, beauté.

 

Beauté ? D'où il sort ça, lui ? Bah, après tout... Tiens, il a genre les mains un peu basses, pour un câlin amical... Je suis aux anges, quand soudain, j'aperçois quelque chose derrière l'épaule d' MBG. Ou plutôt quelqu'un. Une silhouette... Non, ne me dites surtout pas que... C'est... Typhanie !! Aaah, mais qu'es ce qu'elle fait là celle-là !! MBG s'éloigne de moi et sourit en regardant tour à tour moi et cette peste :

 

- On y va ?

 

Mais j’hallucine, elle est avec nous !! Je pensais que c'était nous deux... En amoureux... J'ai le cœur en miettes mais je les suis quand même, sans savoir comment je fais pour tenir encore debout. On fait la queue, on s'installe dans la salle. Je fais en sorte d'être à côté de lui, mais je ne peux éviter qu'il se mette au milieu de nous deux. La peste ! Je suis sûre qu'elle va en profiter... Le film commence. Beurk, c'est un film d'horreur. Ça non plus, on ne m'avais pas dit... Je passe les cinquante premières minutes à les observer en coin. De toute façon, je n'aime pas les film comme celui-là. Gore, avec des zombies... Nul. Pff, on ne m'a même pas demandé si j'étais d'accord pour voir ça. Tiens, mais ce n'est pas la main de mon prince charmant qui est en train de glisser sur l'épaule de Typhanie ?? Nan, mais c'est pas possible ! Je fulmine de rage, quand je les vois se rapprocher l'un de l'autre. Non... Ne me dis pas que... Ils s'embrassent !!! Je me lève d'un coup et quitte la salle sans prendre en compte les cris de protestation des autres spectateurs. En pleurs, je sors du cinéma à toute allure. Les larmes coulent sur mes joues et je ne peux plus les arrêter. Mais... Quel nul ! Il m'a bien prise pour une quiche ! Oui, je ne dis jamais de gros mots. Où aller ? Chez moi, tout le monde se payera ma tête... Je sais, je vais me réfugier chez Fannie ! J' arrive enfin chez elle. Je sèche mes larmes pour avoir l'air un peu plus présentable, puis je sonne. Ding dong ! Par chance, c'est elle qui m'ouvre. Je reste un moment sur le seuil, piteuse.

 

- Ellie !

 

Son sourire s'efface soudain :

 

- Ben, qu'es ce qu'il y a ?

 

N'y tenant plus, j'éclate en sanglots. Elle passe son bras sur mes épaules et me conduit doucement à l'intérieur :

 

- Là... Tout va bien... Rentre, tu m'expliqueras...

 

On passe devant sa mère qui nous jette un regard intrigué. On monte dans sa chambre puis je lui raconte tout entre deux reniflements. Mon récit à peine terminé, ma meilleure amie s'écrie :

 

- Oh, le salaud ! Je vais lui exploser la patate, à celui-là !

 

Ce qui a le dont de me faire rire aux éclats. Un rire nerveux et plein de morve, certes. Mais un rire quand même. Ses efforts pour me remonter le moral ne sont pas vains.

 

- T'inquiète, reprend Fannie, on va s'occuper de ce Julien. Ton frère en premier, a mon avis ! De toute façon, il ne te mérite pas.

 

- Oui, snif ( j'ai le pif bien pris ), c'est un vrai pourri !

 

- Exactement ! Qu'il reste avec Miss Grosses-fesses !

 

- Mer... Merci.

 

Elle me sourit :

 

- De rien. Entre folles, il faut bien s'entraider, non ?

 

- Ou... Oui.

 

- Dis, tu veux dormir chez moi ce soir ?

 

- Ouai !

 

On descend et on demande à la mère de Fannie son autorisation. Elle n'est pas contre. Reste à convaincre mes parents. Le plus dur pour la fin... Il vont encore me poser plein de questions, genre : '' c'était bien ? '' ou encore : '' pourquoi tu rentres si tôt ? ''. Questions auxquelles je n'ai absolument pas envie de répondre. Finalement, c'est mon amie qui les appelle ( j'arrête pas de hoqueter, donc ce serait suspect ). C'est Maman qui décroche, je reconnais sa voix immédiatement :

 

- Allô ? Oui, c'est Fannie... Elleana est chez moi. Oui, oui, tout va bien. Je voudrais savoir si elle peut dormir chez moi ce soir. Comment ? Oui, mais oui, je lui prêterais un pyjama. Non, c'est gentil, mais on va se débrouiller, ne vous dérangez pas pour ça... Oui, on sera raisonnables...Oui. Maximum onze heures. Pas de problème. Oui, ma mère est à la maison. D'accord, je vous la passe.

 

Mon amie descend passer le combiné à Catherine ( c'est le prénom de sa mère ). En remontant, elle s'exclame :

 

- Dis donc, elle est en forme ta mère !

 

- Haha, oui, elle t'a posé plein de questions j'imagine...

 

- Tellement que j'avais du mal à suivre !

 

On rigole. Fannie, elle, ses parents sont divorcés. Elle n'a que sa mère, qui est du coup ultra-sympa. Chez elle, on enchaîne bonbecs et nutella. Et on peut se coucher à l'heure qu'on veux et papoter jusqu'à deux heures du matin si ça nous chante... En nous levant à onze heures le matin. Bref, le paradis. Pas comme chez moi... Bon, j'arrête de me plaindre. Catherine arrive et nous annonce :

 

- Bonne nouvelle les filles ! Ellie peut rester !

 

On saute de joie : yesss ! Au programme : maquillage, manucure, coiffure et bonbons ! Ici, il y en a plein les placards, des friandises... Je choisis un pyjama à Fannie, puis elle sort le matériel de manucure et le maquillage. Ses mallettes sont à faire pâlir de jalousie Britney Spears. Il y a de tout, c'est impressionnant. Je suis en train de boucler les cheveux de mon amie pendant qu'elle me vernie les ongles, quand sa mère ouvre la porte de la chambre :

 

- Ça vous dis une pizza ce soir ?

 

- Ouaiiiiii !!

 

La vie est géniale. J'en oublierais presque Julien (je préfère l'appeler par son prénom maintenant)... Presque. Je regarde le résultat de la première main :

 

- Ouah, t'es trop forte ! C'est sublime !

 

- Bof, je me suis ratée sur ce doigt là...

 

- Tu plaisantes, j'espère ?! c'est parfait !

 

Chaque ongle est orné d'une fleur blanche à gauche sur un fond bleu foncé pailleté. Un petit diamant est au centre  de cette belle plante qui se prolonge en filaments dorés. La classe. Fannie possède le bon coup de pinceau et le bon matériel pour réaliser de pareilles manucures... Une fois à table, on engloutit la pizza en trente secondes. Ça donne faim, de se faire belle...

 

   Tout ça m'a bien remonté le moral. On se maquille -inutile de préciser que Fannie maquille comme une déesse- puis on se met en mode papotage et confidences :

 

- Et toi, tout va bien avec Martin ?

 

- Ouai, carrément !

 

- Il est pas trop bavard...

 

- Pas avec moi. Ensemble, on parle beaucoup... Et de plein de trucs. Mais toi, alors ? Personne en vue depuis la trahison de Julien ?

 

- Ben... Nan. Forever alone, quoi... Au fait, tu savais que Annie était sortie avec un mec ?

 

- Nan...

 

- Si. Jules. Je l'ai rencontré à la fête samedi dernier.

 

- Ah, le garçon avec qui tu rigolais bien ?? Purée, vous allez trop bien ensemble !

 

- Oui, ben t'enflamme pas trop parce que je lui ai promis d'essayer d'arranger les choses pour lui et Annie...

 

- Oh, zut... Mais de toute façon c 'est mal partit puisqu'elle aime Bastien, je crois...

 

- Sérieux ? Celui qui sort avec Élodie ?

 

- Nan, il a cassé hier.

 

- Purée, je savais pas ! C'est dommage ils allaient bien ensemble... En plus ça faisait un moment que ça durait, non ?

 

- Ouaip. Mais Élodie sort déjà avec Dimitri de toute façon...

 

- Nan mais sans déconner elle les collectionne ou quoi ? C'est lui ou elle qui a demandé ?

 

- Lui. Juste après sa rupture.

 

- Il est gonflé ce mec...

 

Et ça peut continuer longtemps comme ça, on se raconte les ragots, les histoires de couples, les '' à priori '' ou '' il paraît que ''… Vive nous.

 

 

- Cocorico ! Cocorico !

 

J'ouvre les yeux. Oh, je suis où là ? Ah oui, c'est vrai, je suis chez Fannie. Et je déteste son pourri de voisin qui possède un coq. Lui et toute sa basse-cour, même.

 

- Cocorico ! Cocoricooooooo !

 

Nan, je les hais profondément. Ce soir, poulet ! Oui parce que je vais tuer cet enfoiré à plumes. Fannie s'éveille à côté de moi :

 

- Ça va ?

 

- Je t'avoue que j'ai des envies meurtrières.

 

- Haha, moi aussi. Et chaque matin, en plus.

 

- Comment tu fais pour ne pas aller chercher un couteau dans la cuisine et l'embrocher ?

 

- Je sais pas. Je suis psychologiquement imperturbable depuis le temps.

 

Il est 8h. Et, miracle ! On se rendort jusqu'à 11h et demie ! En bas, le petit-déjeuner nous attends, tout prêt. Pain brioché grillé, plus beurre, plus confiture de framboise, le rêve... Je m’empiffre allègrement, je l'avoue. Sur la table, un petit mot nous apprend que Catherine est '' partie faire les courses, bisous mes choupinettes ''. On se vautre devant la télé. On va s'habiller. On se maquille mutuellement. On se vautre devant l'ordi. On prend un milliard de photos de nous dans toutes les positions. On parle, encore et encore. Ça me fait vraiment du bien. Le soir arrive trop vite, et je dois partir... Déjà. Un gros câlin et un gros bisou, et je suis partie...

 

 

  - Salut. Je suis rentrée.

 

C'est ma mère qui m’accueille :

 

- Salut ! Alors, c'était bien ?

 

- Très.

 

- Et le cinéma ?

 

- Très, très bien.

 

Je ne me force même pas à sourire.

 

- Bon. On parlera plus tard, si tu veux.

 

- Je préfère.

 

Je fonce dans ma chambre, et me jette sur mon lit. Fred toque timidement. Je sais que c'est lui. Il m'a vue courir me réfugier dans la seule pièce où je me précipite quand tout va mal. Je sèche mes larmes :

 

- Snif, entre.

 

- Ça va pas ?

 

Je m’apprête à répondre que tout va bien et que ce n'est pas ses affaires, mais je soupire :

 

- Tu avais raison.

 

- De quoi ?

 

- Ben... Sur Julien...

 

- Quoi ??? Qu'es-ce qu'il t'a fait ??

 

Je lui raconte tout et il s'écrie :

 

- Je le savais... Je vais lui mettre un raclée, il s'en souviendra toute sa vie !

 

- Non, non, c'est bon...

 

- Si ! Oh que si !

 

- Fred... Je m'en fou de lui de toute façon.

 

- Je n'en suis pas si sûr.

 

- Crois-moi, je l'ai déjà oublié.

 

- Bon... J'ai quand même le droit de lui mettre un petit bourre-pif ?

 

- Nan.

 

- Un mini de rien du tout...

 

- J'ai dis non.

 

- Bon, je vais aller lui dire deux mots alors.

 

- C'est ça. Et peace and love, ok ?

 

- Ok. À vos ordres, votre Altesse.

 

Il sort de ma chambre au garde à vous. Je reste un moment sur mon lit, songeuse. Quand j'y repense, je me demande comment j'ai fait pour être raide dingue de Julien. C'est un mec comme les autres, rien de plus. Enfin, un pur débile comme les autres, oui ! De colère, je supprime son contact de mon répertoire. Na ! Prend ça, saleté ! Et tu y réfléchiras à deux fois avant de faire du mal à Ellie super-woman !

 

 

 

********************************

 

 

 

- Yaaaaaaaaaaaaaahhh !

 

C'est Jérémy. Autant dire que j'adore sa façon de me réveiller.

 

- Aïe.

 

- À l' attaaaaque !

 

- Mmmmmmhhhh.

 

Il m'a littéralement sauté dessus. C'est fou, chaque matin j'expérimente une nouvelle technique de réveil. Tout réfléchit, je préfère de loin mon bip bip.

 

- Tremble, terrienne ! Je vais te réduire en bouillie !

 

- Je suis morte de peur.

 

- T'as plutôt intérêt ! Yaaaaaaaahhh !

 

Oh, non. Il réussit à m'arracher mon coussin - auquel je me cramponnait fermement – et me tape la tête avec. Puis, comme si cela ne suffisait pas pour me torturer, il saute à califourchon sur moi et s'écrie :

 

- Hue, dada !

 

Je récupère mon oreiller et enfouit la tête dessous :

 

- Dégage.

 

Je sais, je ne suis pas gracieuse le matin. Hélas, il reprend de plus belle. Je le supplie :

 

- C'est bon ! C'est bon je suis réveillée !!

 

Il s'en va en lançant :

 

- Dans cinq minutes, je reviens à l' attaque !

 

- C'est ça.

 

Je descend dans la cuisine. Je me dirige vers ma famille qui déjeune et déclare :

 

- Je vous en prie, je vous promet de me lever tous les jours sans rechigner à neuf heures tapantes, mais s'il vous plaît... Ne m'envoyez plus jamais le monstre. Pitié. Je ne survivrais pas à une autre attaque.

 

- Ha, ha ! Lance mon père. Si tu ne te lève pas, on lâche le fauve ! C'est la règle !

 

Super.

 

 

Les filles qui écrivent bien m'énervent. Moi, même quand je m'applique, ça finit toujours par ressembler à des gros pâtés. Je sors les notes que Fannie m'a donné sur le cours d'Histoire/Géo. Lorsqu'elle me les a passées, elle m'a dit : « Fais pas gaffe, j'ai super mal écrit. Si tu arrives pas à lire un mot, appelle-moi ». Grrrr. C'est écrit comme sur les cartes dans les restaurants chics, sérieux ! Moi j'ai une écriture de garçon, on me dit toujours ça. J'essaye d'être féminine... Mais je suis loin de l'être. J'ai l'air d'une gamine trop maquillée, et Fannie... D'une femme. Je voudrais être n'importe qui sauf moi. Dépitée par ce constat, je descend pour voir un peu ce qu'il se passe. Maman sort les vêtements d' hiver. Aïe. Plus précisément les manteaux.

 

- Ellie, essaye moi ça s'il te plaît. Aahh parfait, il te va encore !

 

- Arglh, c' est moche !

 

- Mais enfin, tu le mettais l' année dernière !

 

- Ben c' était l' année dernière.

 

- Tu préfères ton manteau de ski ? Tu peux le mettre pour le collège si tu veux.

 

Je jette un coup d' œil sur la deuxième immondité qu' elle me tend :

 

- Euh, es ce qu' il y a une option « Aucun des deux, merci » ?

 

Elle lève les yeux au ciel.

 

- Écoute, c' est ça ou tu as froid.

 

- Tout compte fait, je préfère avoir froid.

 

- Tu es exaspérante.

 

- Je sais.

 

Et je m' en vais avec un sourire triomphant au lèvres. Bon, cette expédition dans le monde du dessous n'a pas été concluante. Je remonte en vitesse, histoire que maman ne décide pas de me faire essayer les vieux soutiens-gorges d'une cousine Germaine. Allez, il faut que je me mette aux devoirs... La loose  totale. Je sors mon cahier de physique-chimie, et un papier en sort. C'est quoi ce truc... Oh !

 

   Ellie, je t'aime.                     Signé : Un admirateur secret

 

 

 

Mouai. Ou c'est une farce idiote, ou la personne qui a écrit ça est sourde, aveugle et muette. N'ayant pas de personnes handicapées à ce point dans mon entourage, je vote pour la première proposition. Mais au fond de moi... Une miette de niaiserie espère avoir réellement un admirateur... La question  est la suivante : QUI peut bien avoir écrit ce mot ?

 



 

 

 

Dans ma tête, une liste de nom se crée :

 

- Julien

 

- Fred

 

- Jérémy

 

- Une personne que je ne connais pas.

 

- Pierre

 

- Gaston

 

Qui d'autre ? Personne. Donc, procédons par élimination :

 

Julien, Impossible. Fred, c'est très probable. Jérémy ? Bof, il n'y songerais pas, je pense. En plus, ce n'est pas son écriture toute biscornue. Une personne qui m'est inconnue... Sûrement. Pierre, très possible. Gaston... Ça m'étonnerait. Donc, il reste :

 

- Julien

 

- Fred

 

- Jérémy                  

 

- Une personne que je ne connais pas.

 

- Pierre

 

- Gaston

 

Bon. Je suis pas plus avancée... Mission numéro un : aller voir Fred et lui faire avouer. En route !

 

Toc, toc, toc ! J'entre, il est sur son lit en train de jouer à je ne sais quel jeu de bagnole sur sa console.

 

- Mon petit Fredounet, c'est ta sœur chérie !

 

- Non.

 

- Comment ça, non ?

 

- Je ne t’emmène nulle part en scooter.

 

- Enfin, mon cher frère, tu me blesse profondément... Je venais seulement pour parler et échanger avec toi, car tu sais que je t'adore !

 

- Mouai.

 

Il met pause en plein virage et me lance :

 

- Tu me veux quoi ?

 

- Ben, rien...

 

Il soupire :

 

- C'est bon, va droit au but...

 

- Ok : je veux juste que tu avoues que tu m'a écrit une fausse lettre d' admirateur.

 

- Quoi ? J'ai jamais fait ça !

 

- C'est qui, alors ?

 

- Passe.

 

Je lui montre le papier. Il l'examine d'un air expert, et déclare :

 

- Aucune idée de qui ça peut-être.

 

- Tu m'aides pas beaucoup, là.

 

- Bon, en attendant, j'ai une partie à finir, moi.

 

Pff. Sale égoïste, va. Me laisser en plein doute. Il n'a pas honte ?

 

- Merde, tu m'as fait perdre !

 

Visiblement, non.

 

 

 

  *******************************************

 

 

 

Je passe le reste de ma journée à essayer de trouver mon admirateur inconnu. Peut-être les garçons de ma classe se sont concertés pour mettre ce mot dans mon cahier. Histoire que je me croie belle, mais qu'en fait lundi ils puissent bien me rappeler que je ne suis ni plus ni moins qu'un vieux mammouth laineux. En ce moment, ils sont sûrement tous en train de se marrer comme des phacochères attardés ( qu'ils sont ) en imaginant ma tête. Ou alors, c'est vraiment quelqu'un. Qui me trouve belle...

 

Non, arrête de te faire des idées, Ellie, où tu sera terriblement déçue. Et tu te suicidera en pensant à quel point ta vie est nulle. Voilà.

 

Je suis allongée sur mon lit quand j'entends Filou gratter à la porte. Saleté, j'ai déjà plein de traces de griffes dessus... Je vais vite lui ouvrir avant que la seule chose qui me sépare du monde hostile soit transformée en gruyère. Il pénètre dans ma chambre, tel un fauve dans la jungle. Je voudrais bien lui rappeler qu'il fait seulement vingt centimètres, mais je lui fais la irrémédiablement la gueule. Je n'ai pas encore digéré toutes les saletés qu'il m'a faites hier et les jours d'avant depuis que je suis de corvée de crottes.

 

Enfin, digérées... Façon de parler, hein. Je ne mange pas ses crottes. C'est déjà suffisamment dur de les ramasser sans vomir alors les manger, laissez-moi rire.

 

L'animal s'installe sur mon lit, et c'est alors que je remarque les jolies traces de pattes marrons sur la moquette. Oh, non. J'ouvre la porte, et constate l’étendue des dégâts. Tout le long du couloir, cette saleté à laissé une trace boueuse de son passage. Satisfait, le responsable s'étire sur mon lit et entreprend sa toilette. Je jette un autre coup d' œil au couloir. En passant, l'animal s'est bien frotté sur les murs, non content de salir uniquement le sol. Je plains celui qui nettoiera.

 

- Elleana ! Ton chat a salit toute la maison ! Tu as intérêt à tout nettoyer !

 

Mon chat ? Depuis quand cette boule de poils m'appartient ? Ah oui, depuis que j'ai supplié mes parent de l'acheter à l'animalerie. En ronchonnant, je prend la serpillière et me met en devoir de frotter chaque tache, de la chatière jusqu'à ma chambre. Une horreur.

 

Filou se prélasse tranquillement sur mon lit en ronronnant, une grosse auréole humide et boueuse autour de lui.

 

Je vais le zigouiller, et rassurez-vous ce n'est pas l'envie qui m'en manque. Après avoir mit l'intrus dehors et refermé la chatière ( non sans avoir pris de méchants coups de griffes du félidé mécontent ), je suis contrainte de changer mes draps. Ce chat est une pourriture. Je ferais mieux de m'en faire un manteau ou des bottes fourrées.

 

Les manteau ne mangent pas de croquettes, eux, au moins.

 

À moins que. Mon petit cousin de quatre ans avait mit des croquettes dans les poches de mon manteau  l'an dernier. Avant de savoir que c'était lui, j'ai eu de sérieux doutes sur l'alimentation de ma veste. Je vous dis même pas la surprise que j'ai eu au collège quand tout est tombé en cours d'histoire géo. Mon prof a glissé dessus en venant me vociférer dans les oreilles. Résultat, j'ai écopé d'un avertissement. Le motif ? « Jette des croquettes en classe dans le but de blesser son professeur et ment »

 

Plus ridicule, tu meurs. La vie est injuste.

 

 

 

  - Alerte rouge ! Les vieux veulent nous emmener chez mémé !

 

C'est Fred et Jérémy, en pyjama. Je me réveille d'un bond :

 

- Comment ça, chez mémé ? Ils ont fumé la moquette ou quoi ?

 

Mémé, c'est mon arrière grand-mère du côté de ma mère. Elle vit en maison de retraite, et ça fait des lustres qu'elle ne se rappelle plus des prénoms de ses petits enfants. C'est tout juste si elle se souvient d'avoir mit une culotte le matin même. Le pire, c'est son caractère de cochon.

 

- Si ils espèrent m’emmener voir cette vieille bique, ils se fourrent le doigt dans l’œil jusqu'à la cervelle.

 

- Oui, mais le problème, c'est qu'ils n'ont pas vraiment l'intention de nous demander notre avis.

 

Explique Jérémy. Inquiets, on décide d'aller déjeuner. Mon père beurre tranquillement sa tartine à table. L'ancien se laisse pousser la barbe. Mais étant donné le fait que ses cheveux ne sont plus très bruns et commencent à pencher furieusement vers un gris fiente de pigeon, il a plutôt l'air du père noël. En moins souriant et en plus radin. Le déjeuner se passe sans aborder le sujet fatidique. Les parents essayent peut-être de jouer l'effet de surprise. Mais ils ne m’auront pas.

 

Une fois que je suis habillée, mon père arrive dans ma chambre. Ah, je le vois venir avec ses gros sabots ! Il veut négocier pour aller chez la vieille folle ! Je prend un livre et je fais la fille méga occupée.

 

- Tu viens avec nous chez mémé ?

 

J'essaye de lui expliquer gentiment que je préférerais me suicider à l'aspirine que d'aller voir cette dingue. Tout ce qu'il trouve à dire, c'est que je suis une sale égoïste. Moi, égoïste ? Cherchez l'erreur. Résultat des courses, je suis obligée d'y aller. Malheur, saperlotte et triple crotte.

 

 

 

 

 

- Ah, vous osez venir me voir après tout ce temps ? Bande d'ingrats ! En plus, vous êtes en retard !

 

Bon sang, on viens de faire 2h de route pour entendre ça. L'ancêtre est coincée dans son fauteuil et nous crie sa divagation à la figure dès qu'on franchit la porte. Maman ignore sa remarque.

 

- Bonjour, mémé. Comment tu vas ?

 

- Très mal. Oh, ben c'est qui celui là ?

 

Ah, oui. Elle ne se rappelle jamais de Jérémy. Maman ne perd pas patience.

 

- Tu sais bien, c'est Jérémy. Mon dernier enfant.

 

- Vous l'avez mal réussit. Il est laid comme un pou. Comme ton mari d'ailleurs.

 

Je manque d'exploser de rire devant la mine déconfite de Jérémy et Papa. Maman serre les dents. Mais mémé enchaîne, pas gênée le moins du monde :

 

- Elleana, ça pousse bien tout ça !

 

Attendez une seconde. Je rêve où elle parle de ma poitrine ? Je suis bouche bée devant tant de culot quand elle reprend :

 

- Espérons qu'ils serons plus gros que ceux de ta mère ! Des vraies noisettes !

 

Après quoi elle émet un son guttural que je soupçonne être son rire. Sans blague. Ma mémé viens de commenter ma poitrine et la comparer à celle de ma mère. Il faut je me m'éclipse sinon je vais lui mettre un pain. Vite, une excuse.

 

- Je vais... Au toilettes.

 

Je me sauve à toutes jambes. Une fois au pipi-room féminin ( j'ai bien fait attention ), je m'examine dans la glace. Quoique, dans les toilettes pour hommes, personne ne se seraient rendu compte que j'étais une fille étant donné mon aptitude à ressembler à un orang-outan. Je me pose de sérieuses questions concernant mon augmentation mammaire. J'espère que mes ''noisettes'' n'ont pas l'intention de s'arrêter là, sinon je vais être obligée d'avoir recours à la chirurgie esthétique pour que l'on me différencie du sexe opposé. Bon, j’exagère un chouilla. Mais c'est un peu ça. En plus, les garçons préfèrent les filles aux melons plutôt qu'aux noisettes. Je suis vouée à finir vieille fille, c'est moi qui vous le dit. Ou alors, me marier avec un vieux sourd aveugle et muet. Muet n'est pas obligé, soit dit en passant. Et vieux non plus.

 

Je vais passer une annonce dans le journal :

 

Femelle orang-outan recherchant un homme sourd et aveugle pour vivre une histoire d'amour torride.

 

Ou alors :

 

Femelle orang-outan recherchant un orang-outan pour couler des jours heureux et faire pleins de petits orangs-outans.

 

Je vous le dis, ma vie est un désastre. Je m'installe dans un cabinet et m'assoit sur le trône après avoir rabattu le couvercle. Il faut absolument que je demande son avis à Fannie.

 

- Dis, tu trouves que j'ai des petites noisettes ?

 

- Quoi ?

 

- Ben, ma mémé viens de me pourrir le moral en me disant que mes seins allaient ressembler à des noisettes.

 

- Ellie, j'ai pas le temps, désolée. Je suis avec Martin.

 

Où sont les amies quand on en a besoin, franchement. À pétaochnoque.

 

Après une heure de remarques cinglantes, ma famille bat en retraite, épuisée. À mon avis, mémé va devoir attendre un bon moment avant une nouvelle visite. Juste le temps que les parents oublient toutes les critiques. Il y en a pour au moins dix mois là.

 

Pff, on s'ennuie à mort ici. Tiens, il faut que j'appelle Annie.

 

- Allô ?

 

Non, Ellie. Pas de '' à l'huile ! '' qui tienne.

 

-Tu es en kiff sur qui en ce moment ? Dis moi tout.

 

- Ben... Bastien.

 

- Et Jules ? Il t'aime beaucoup, tu sais.

 

- Je sais.

 

- Tu t'en bas les flans ou je me trompe ?

 

- Je m'en bas les flans.

 

- D'accord.

 

Au moins, j'aurais essayé. Je propose à Annie de sortir avec le gang des folles. J'appelle Sallie, Julie, Rachelle, Camille et Fannie. On se retrouve au centre commercial. J'arrive. Elles sont déjà toutes là. Je m'écrie :

 

- Hey beautiful girls !

 

La réponse arrive sans tarder :

 

- Hey !

 

- Salut !

 

- Hey !

 

- Hello !

 

- Coucou !

 

- Tere, minus väike kaamel !

 

Tout le monde se tourne vers Camille, interloqué. Elle secoue ses cheveux châtains :

 

- Ben quoi ? Ça veut dire « bonjour mon petit chameau » en estonien !

 

 

 

*********************************

 

 

 

  - Oh mon dieu ! Il me faut ce pantalon !

 

S'extasie Rachelle en se précipitant ventre à terre dans le magasin. Camille la suit en nous jetant un regard désolé. Oui, parce que Rachelle qui fait les boutiques c'est atroce. Elle ne sait jamais ce qu'elle veut, résultat ça prend des heures.

 

- Oh non, on va passer la nuit au centre commercial, c'est moi qui vous le dit !

 

Se désole Sallie. Dans le magasin, je vois Rachelle courir de partout en prenant tout ce qu'elle voit, puis foncer dans la cabine d'essayage. Un vrai courant d'air.

 

- Salut !

 

Je me retourne et me trouve nez à nez avec...

SUITE :

Jules en personne ! Il est en jean avec une chemise blanche et me lance un sourire à couper le souffle. Je m’apprête à lui faire la bise quand il me fait un bisou sur la joue. Toutes mes amies me regardent avec des gros yeux, mais je suis bien sûr la plus étonnée. Quoi ? Je rêve, ou quoi ? Sans crier gare, mon visage rougit comme un derrière de babouin. Oh non, il manquait plus que ça ! Maintenant j'ai vraiment l'air cruche ! Il m'entraîne un peu plus loin, sous les yeux des poissons frits qui me servent d'amies. Jules me chuchote :

 

- Elles sont bizarres, tes copines... En dirai qu'elles ont vu le président en slip !

J'éclate de rire, soudain détendue. Puis je lui murmure :

- J'ai parlé à Annie.

- Qui?

- Annie ! Ton ex !

Il fronce les sourcils. Soudain, il s'écrie :

- Ah, oui !

- Chut, tu vas nous faire repérer ! Elle nous observe, je te signale !

- Pardon. Mais en fait, je m'en fiche d'Annie.

- Quoi ?!

- Je me suis fait une raison. Et depuis, j'ai trouvé une bonne raison de ne plus l'aimer.

Je bougonne :

- Ben tant mieux pour toi. Parce que moi, j'ai eu un gros problème qui s'appelle Thyphanie.

- Justement, je voulais te dire que Julien est un gros naze.

- Sans blague.

- Il ne se rappelait même plus de ton prénom.

- Je sais pas pourquoi, ça ne m'étonne même pas.

Il soupire avant d'ajouter :

- Enfin, je suppose que c'est mieux comme ça.

- Oui. Et Annie aussi s'en tamponne de toi donc tout va bien.

- Je m'en doutais.

Un silence s'installe. On ne sais plus trop quoi se dire. Jules me sourit :

- Je pense qu'on devrait échanger nos numéros, histoire que chacun aide l'autre si il est vraiment dans la mouise.

- Haha, oui, c'est une bonne idée...

Je lui passe mon numéro.

- Je t'enverrais un message.

M'assure-t-il. On échange encore quelques banalités puis il m'annonce :

- Bon, je dois y aller. On se revoit, hein ?

- Ouai, t'inquiète.

Il sourit puis me touche le nez du bout du nez de son index en lançant :

- À plus !

Je le regarde s'éloigner, éberluée. Qu'es-ce qu'il voulait dire en me touchant le pif comme ça ?

 

*******************************

 


Mes amies me regardent les yeux ronds quand je reviens vers elles. Surtout Annie.

- Ben quoi ?

Sallie va droit au but, comme toujours.

- Depuis quand tu es super proche de ce mec ? Tu nous as rien dit !

- Ben je savais pas non plus figure-toi.

- Il sort d'où ?

Interroge Julie.

- Comment tu l'as rencontré ?

Enchaîne Sallie. À ce moment, Rachelle et Camille sortent du magasin, encombrées de sacs.

- Il se passe quoi ? Je veux tout savoir !

S'écrie Rachelle derrière sa montagne de fringues.

- Attendez, relax... Je vais vous raconter...

Après m'être justifiée et avoir répondu aux milliers de questions de mon gang des folles (sauf Fannie qui savait déjà que je le connaissais et Annie qui restait étrangement à part), je déclare :

- Voilà. Vous savez tout. Je ne l'avais vu qu'une seule fois...

- Et là il t'a sortit le grand jeu ! T'as une touche poulette !

S'exclame Rachelle en me donnant un coup de coude dans les côtes.

- Non, mais je...

- Allez, avoue qu'il te plaît !

Me taquine Sallie.

- Les filles ! Intervint Fannie à ma place. Je crois que Annie a quelque chose à vous dire.

Toutes se retournèrent vers l’intéressée. Elle bafouilla :

- Euh.. Je... C'est mon ex.

- Et tu nous as rien dis ?

S'étonna Rachelle. Annie baissa les yeux au sol et nous expliqua l'histoire.

Elle avait rencontré Jules à l'anniversaire de son amoureux Cédric (celui-là on le connaissait bien, elle nous cassait les bonbons avec ses histoires tout le temps ). Elle a voulut rendre Cédric jaloux, et a embrassé Jules.

- Mais voilà, comment je pouvais me douter qu'il penserait qu'on sortait ensemble ?

- Annie, c'est logique, Soupire Camille. Enfin bref, continue.

- Alors je l'ai ''largué'' à la fête de Lydia mais en fait je l'ai pas vraiment largué vu qu'on sortait pas ensemble. Donc je lui ai tout expliqué et il l'a très mal prit...

- Tu m'étonnes ! Et jamais tu t'es dis : tiens, si j'en parlais à mes meilleures amies ?

Interroge Rachelle.

- Ben... C'est que je n'étais pas très fière. C'est quelqu'un de bien... Mais je ne pouvais pas rester avec lui, puisque j'aime Cédric.

- Annie, tu es la fille la plus compliquée que je connaisse.

Se désola Sallie.

 

Je suis perplexe. D'abord, quand Jules a touché le bout de mon pif proéminent, es-ce qu'il voulait dire :

1) Mon Dieu il est énorme ce truc, il faut que je vérifie si c'est un vrai !

2) Si j'appuie sur son bouton, es-ce qu'elle va dire aïe ou es-ce ça va faire '' bip '' ?

3) J'aimerais tant en avoir un pareil... ( celle-là, éliminée d'office )

4) Elle est sympa, dommage que son nez cache ses yeux.

5) Elle pourrait être jolie si cette chose ne faisait pas tant d'ombre sur sa bouche... Ah non j'ai rien dis.

Bref, il y a tellement de possibilités que je n'aurais jamais finis. Ensuite, il y a ce mot. QUI mais QUI, nom d'un brocoli à roulettes, à bien pu me faire ce mot de déclaration ??? Je suis vraiment à un point mort. Je n'ai pas osé demander à Jules son avis sur la chose. La prochaine fois. Je n'en ai pas parlé à mes amies non plus, elles pourraient se moquer de moi. Et connaissant Rachelle, TOUT le collège sera au courant le soir même. Donc en ce moment, dans ma tête ça ressemble à un énorme potager, que l'on aurait pas arrosé depuis des semaines et qui aurait été piétiné par un troupeau de mammouths enragés. Voyez un peu la métaphore.

De là où je suis, j'entends mon petit frère chanter à tue-tête dans sa chambre. Je ne peux tolérer que ma réflexion intense soit interrompue par cet énergumène. J'ouvre la porte et je hurle :

- Jérémy, fais la même chose en silence s'il te plaît !!

Il me rétorque :

- C'est pas toi qui commande !

Je referme ma porte, exaspérée. Mais où sont passés les adultes qui sont censés faire l'éducation de ce gosse ?

Trêve de choses insignifiantes. Alors, où es-ce que j'en étais moi... Il y a vraiment plus moyen de bosser dans cette baraque ! Tiens, en parlant de bosser... J'ai toujours pas fait mes devoirs ! Tant pis, il y a plus important pour le moment : QUI est assez idiot (ou aveugle) pour m'écrire ce mot ? Je ne mourrais pas avant de savoir. J'en fais je serment.

 

 

 

Je crois que je vais écrire un journal de choses inavouables...

 

13ème année (et des brouettes) de ma captivité :

 

J'ai quelque chose à confier :

 

L'autre jour, quand je montais dans la voiture de mon père ( toute pourrie ), je me suis exclamée :

 

- Oh, ce slip m'énerve ! Il me rentre toujours dans la raie des fesses !

 

Oui, je sais, ce n'est pas très fin. Mais mon père m'a répliqué :

 

- C'est parce qu'il a froid !

 

J'ai éclaté de rire, je n'en pouvais plus. Mon père à beau être un vieil orang-outan borné, je ne sais pas ce que je ferai sans lui.

 

Ma mère ne fais pas toujours des vannes très drôles, mais quand elle rigole, on ne peux s'empêcher de rire aussi. Un de ses sourires vous rend léger. Elle a ce pouvoir merveilleux, qu'elle exerce sur tout son entourage... Grâce à elle, tout les problèmes ne sont plus si graves... Elle rayonne de bonheur.

 

Mes parents ont aussi beaucoup de défauts, évidement. Lorsqu'on vit avec les mêmes personnes, tout les jours, on ne fait plus attention à ces petites choses pourtant si importantes... On a peut-être plus le temps.

 

Tout ça pour dire que même si je suis insupportable avec mes parents et que je les critique très souvent, Je les adore.

 

Et je préférerais me faire arracher tout les poils du nez un par un plutôt que de l'admettre.

 

- À table !

 

Je descend ( je me fais bousculer par Fred dans l'escalier. Quel primate ! ). On s'installe à table, mais l'atmosphère est bizarre. Papa et Maman se jettent des regards complices.

- On leur dit ou on laisse la surprise ?

Demande la mère de famille en s'adressant visiblement à son complice.

- Bon, on va leur dire... Les enfants, on a une bonne nouvelle à vous annoncer...

Un silence s'installe. Même Jérem arrête de mâcher, c'est dire. Le sourire béat de Maman me fait redouter la surprise... Je vous jure que s'il nous annoncent que Maman a une petite graine dans le ventre, je les tue. Radicalement. Soudain, Papa prend la parole :

- Cet été, on part au camping dans le Sud !

Je soupire de soulagement. Pas de quoi en faire un fromage ! Bon, c'est cool comme surprise, mais j'ai carrément cru qu'ils voulaient agrandir la famille ! Maman reprend :

- Et nous partons avec le meilleur ami de Papa, Jean-François ! Vous vous en rappelez ?

Je hoche la tête. Comment oublier ce vieux timbré ? Il nous avait fait marcher quatre heures au lieu d'une juste parce qu'il tenait la carte à l'envers !

- Cette fois, il y aura son fils, il le garde pendant les vacances. Il doit avoir à peu près ton âge Ellie.

Gé-nial. Il a pas intérêt à être chiant, celui-là, sinon je lui fais sentir les chaussettes de Fred. Bonne idée, je le menacerais dès le premier jour, comme ça je serai tranquille. Si il est beau ça me pose un problème parce qu'il a des chances de me voir en pyjama... Il faut que je médite sur la question. J'ai encore deux semaines pour ça. Après... Vacances !! Enfin !

SUITE :

Je n'arrête pas de penser à Jules, ce qui me pose un sérieux problème. Imaginez que je sois amoureuse de lui, la galère que ce serai ! Déjà, c'est l'ex d'Annie. En plus, il est magnifiquement beau. Il habite loin. Il est pas dans mon collège de dégénérés (heureusement pour lui), et il me trouve sûrement moche comme un pou. Bref, c'est une trèèèèès mauvaise idée. Alors POURQUOI es-ce que j'ai son visage imprimé dans le cerveau, nom de Zeus ?? J'ai hâte d'être lundi pour faire ma petite enquête... Oui, je veux savoir qui s'est payé ma poire en mettant ce mot dans mon cahier de physique-chimie ! Je saurais !  Mwahahahahahahahah (rire démoniaque) !

 

Ce matin, je me réveille tranquillement. Oh, que ça fait du bien de se réveiller sans monstre empoisonneur de vie à côté !! Soudain, une douleur atroce viens perturber mon bien-être. La main sur le nez, je cours devant mon miroir. Tout paraît normal à première vue. J'appuie dessus pour voir...aïe !!

La vache !

 

Cinq minutes plus tard, dépitée :

je me suis tordu le nez dans tous les sens en souffrant atrocement, puis j'ai dût affronter la triste vérité : j'ai un bouton intra-pif. Quoi, vous ne savez pas ce que c'est ?? Quelle chance... C'est un bouton des cavernes, qui est particulièrement un enfoiré car il fait hyper trop mal et en plus on ne peut pas le voir puisqu'il pousse DANS TON NEZ. Enfin, que personne ne le voie est plutôt positif, mais du coup il se peut que toi-même tu oublies qu'il est là et qu'il attend le bon moment en ricanant... Et que tu te mouches.

Là, c'est la souffrance intense et silencieuse la plus extrême.

 

Je suis tranquillement en train de déguster mon petit-déjeuner, quand Maman décide d'établir le ''programme de la journée''. Ce qui est plutôt négatif parce que ça veut dire qu'elle a quelque chose à nous faire faire... Je reste méfiante.

- Alors, tout le monde range sa chambre, puis on passe la serpillière partout ! Après, on peut faire un jeu de société.

Elle a l'air tellement fière de son ''programme'', que je n'ose pas lui dire à quel point elle vient de gâcher ma journée. Littéralement. En regardant les nouilles qui me servent de frères, je remarque qu'eux non plus ne sont pas enchantés de l'initiative de notre chère mère.

Je finis de déjeuner sans grand enthousiasme, puis monte dans ma chambre (sans oublier de  débarrasser car ce serai une erreur fatale, considérant les représailles).

J'ai finis de m'habiller quand je reçois un appel. C'est Fannie.

- Allô ?

- ...

- Fannie ?

- Je...

- Oui ?

- Ben...

 

SUITE :

 

- Nan mais dis enfin !

- Il a cassé.

- QUOI ?????? Oh mais nan c'est pas possible... Ma pauvre chérie ça va ?

- Je... Oui, ça va oui.

- T'es sûre ?

- Oui, oui.

- Dis moi tout ma belle.

- Ben, je sais pas, il m'envoie un message : '' Il faut que jte parle ''. Mais tu vois, sans cœur ni rien... Alors je lui dis ''Vas-y'', et...

- Et ?

- Ben il me met '' je casse ''. Alors que lui demande pourquoi, et il me met '' j'ai plus de sentiments pour toi ''.

- Merde merde merde... Je vais lui parler si tu veux ! Tu te sens comment ?

- Nan, laisse. De toute façon il m'ignorait en ce moment... En fait j'ai juste un gros vide, mais sans plus.

- Écoute, ce mec ne te mérite pas du tout. Voilà. C'est juste un gros plouc. Et si tu veux, on pourra faire un club des '' larguées déprimées de la vie forever alone ''. Rien que toutes les deux.

J'entends un petit rire triste au bout du fil.

- Ouai, t'as raison. On a pas besoin d'eux !

- Tout à fait !

- Haha, merci Ellie. Bon aller je vais pas te déranger plus longtemps.

- Oui, mais INTERDICTION de déprimer hein ? Positive !

- Oui, positive ! Po-si-tive !

- Impec' ! Allez bisous !

Satisfaite, je raccroche. Quel salaud, ce Martin. Par sms, en plus. Alala, les jeunes, de nos jours !

Cinq minutes plus tard, le téléphone sonne. Je décroche :

- Allô ?

Un silence me répond.

- Allôôôô ?

Je m'apprête à raccrocher quand j'entends un hoquet. Puis un sanglot. Et enfin :

- Elliiiiiiiie... * reniflement * Je, je... Je l'aiiiiiiimmmmme !!

- Fannie ? Mais alors ? Positive ?

- Noooooon... Je voulais pas qu'il casse, moiiiiiiii... !

Je passe une bonne demi-heure à consoler ma meilleure amie en lui disant que de toute manière si il ne l'avait pas fait, elle l'aurait peut-être fait et que si c'était arrivé c'est que ça devait arriver à un moment ou un autre. Mes argument finissent par la calmer, et elle raccroche en me disant :

- Ellie, j'enclenche mon mode salope ! Il va le regretter toute sa vie ! Hahaha génial !

Je l'adore ma Fannie. Si elle existait pas, il faudrait l'inventer !

Dix minutes plus tard, le téléphone se remet à sonner. C'est pas possible ! Je décroche à peine que j'entends déjà Fannie :

- Ellie, j'ai un plan diabolique.

Décidément, j'adore cette fille. Je le répéterais jamais assez.

 

 

- Elleana ! Tu fais quoi ?

C'est ma mère qui hurle du bas des escaliers. Gloups, je suis sur l'ordi ! Je passe ma tête par la porte pour crier :

- Mes devoirs !

Je l'entends dire à mon père :

- C'est fou ce qu'elle travaille. J'ai l'impression qu'elle se préoccupe plus de sa scolarité en ce moment.

Pauvre femme. Si tu savais à quel point je m'en bas les steaks.


 A suivre...



08/11/2013
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